lundi 1 juin 2009

La Fondation Louis-Vuitton se dévoile à Hongkong

Le Figaro, no. 20165 - Le Figaro et vous, samedi, 30 mai 2009, p. 27, 31

L'Asie découvre, avant Paris, la collection d'art contemporain qui doit occuper en 2012 le musée dessiné par Frank Gehry au Jardin d'acclimatation.

BOUCHONS autour de la maquette nuageuse de la Fondation Louis-Vuitton pour la création, posée en trophée contemporain à l'entrée de l'exposition « The Collection, A Choice », dans le lobby du Hong Kong Museum of Art. Indices ? L'artiste culte de New York, Richard Prince, a camouflé ce vilain bâtiment postmoderne sous sa bâche dédiée aux « Nurses », ces héroïnes sexy volées à la littérature populaire américaine. Stupeur et tremblements ? Cette exposition du bout du monde tombe à point, à la veille de la Biennale de Venise et de l'inauguration de la Pointe de la Douane par François Pinault. Elle est la promesse renouvelée de voir, à l'automne 2012, après moult péripéties administratives et juridiques, cette Fondation Louis-Vuitton. L'heure n'est plus au débat sur le respect du POS, la colère des Verts et des riverains. Il s'agit de vision, d'objectif, de Basquiat, de Cao Fei et de Jeff Koons, bref, de contenu.

Place aux jeunes et à la vidéo

Le guide de ce rêve français est une femme de tête. Figure du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, qu'elle dirigea avec feu et poigne jusqu'en 2006, Suzanne Pagé s'est plongée dans « Hongkong l'énergique » pour lui exposer au mieux son propos. Quand le Français Bertrand Lavier réinterprète en néon rose et bleu une peinture abstraite de l'Américain Frank Stella, il y a une parenté visuelle évidente avec le « skyline » de Hongkong et ses buildings de lumière, la nuit (Empress of India II, 2005). Quand Yang Fudong, vidéaste de Shanghaï marqué par les silences d'Antonioni et des siècles de peintures à l'encre, reprend une histoire empruntée à la grande tradition chinoise pour raconter Seven Intellectuals in a Bamboo Forest, c'est un rappel de la dernière Biennale de Venise, qui présentait cette série de cinq films à l'Arsenale, et un écho plus discret de Paris, qui a montré très tôt au musée ce grand artiste dont les plans sont d'une beauté sidérante.

Après des mois de silence et de secret, la directrice artistique de la Fondation Vuitton a dévoilé avec gourmandise ce premier choix qui dessine, en une vingtaine d'oeuvres et autant de vidéos très contemporaines, l'esprit du lieu. « Le projet de cette fondation est de réunir une collection d'art contemporain, en l'associant avec quelques références historiques du XX

siècle, dont Basquiat est ici le roi. On se laisse la possibilité d'avoir la tête ronde à la Picabia
», lance cette têtue avant de foncer - son habitude - dans les salles à l'accrochage impeccablement dosé, ni trop choc, ni trop dur, pour séduire une Chine nouvelle, symbole de la puissance économique de demain. Parce que la jeune génération chinoise est d'abord images en mouvement, la vidéo a toute sa place : le duel des armes du Californien Christian Marclay, la mélopée antarctique du Français Pierre Huyghe, la chute des corps et l'écho trazgique du 11 Septembre selon le Hongkongais de New York Paul Chan, l'art contemporain est à mailles fluides et mobiles comme Internet.

L'abordage se fait étonnamment en douceur et en couleurs avec le triptyque de Gilbert & George, oeuvre entre photographie et peinture qui évoque les thèmes récurrents de ces artistes so british : le métissage, la liberté, le passage entre les différents niveaux de culture, l'art populaire. En quatre immenses tirages d'un velouté parfait, qui immortalisent une course de voitures à Shanghaï, le photographe Andreas Gursky illustre par son temps suspendu et son art de la tension tout le classicisme de l'école de Düsseldorf. L'appétit vient en mangeant. On voudrait en voir beaucoup plus.

« Louis Vuitton - La passion de la création », jusqu'au 9 août.

© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.

2 commentaires:

  1. Et dire que Louis Vuitton essaye de se placer sur le Dev Durable...Cela me laisse reveur...

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  2. marketing à la con1 juin 2009 à 19:41

    Alors, va rêver ailleurs !

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