Cet affichage d'unité est perçu comme un succès par les Occidentaux car depuis la publication, début décembre 2007, d'un rapport des agences du Renseignement américain estimant que l'Iran avait « arrêté en 2003 son programme nucléaire militaire », la Russie et la Chine se montraient encore plus réticentes à l'idée d'imposer des mesures punitives à l'Iran
Les ministres des affaires étrangères des « Six », réunis mardi à Berlin, n'ont pas rendu public le texte, ni souhaité commenter les mesures qu'il contient. Seul à s'exprimer, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a insisté sur l'importance de maintenir un front commun. « Nous sommes unis dans notre évaluation que l'armement nucléaire de l'Iran aurait des conséquences dramatiques pour le Moyen-Orient et même au-delà, a-t-il dit. N ous restons d'accord qu'il faut continuer de travailler pour s'assurer que cela ne se produise pas. »
L'accord résulte d'un compromis. Deux choses en atténuent la portée : d'une part, les mesures envisagées contre l'Iran semblent modestes; d'autre part, un vote n'interviendrait sur ce texte à l'ONU que dans plusieurs semaines.
Un tel délai vise notamment à essayer de dégager une unanimité au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, où l'acquiescement des membres non permanents n'est pas acquis. Il répond surtout à une priorité mise en avant par les Russes et les Chinois : accroître les chances du « plan de travail » décidé en août 2007 entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
A l'issue d'un voyage à Téhéran, le directeur de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, a annoncé, le 13 janvier, qu'une échéance de « quatre semaines » était fixée pour que l'Iran s'explique sur ses activités nucléaires passées.
L'accord dégagé entre les « Six » intervient après d'intenses tractations. La Russie et la Chine ont demandé que l'ensemble de la « stratégie » diplomatique sur le dossier nucléaire iranien soit rediscuté, insistant sur l'élément nouveau que constitue à leurs yeux le rapport du Renseignement américain.
Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a livré, tard mardi soir, sa version de l'accord. « Des négociations directes sur le règlement de toutes les questions liées au nucléaire iranien » seront lancées, « y compris avec les Etats-Unis », a-t-il dit , « si l'Iran accepte les propositions des Six » faites à l'été 2006 (coopération économique, et dans le nucléaire civil).
Une façon de mettre l'accent sur les mesures incitatives et non sur les sanctions, ni sur la question de la suspension de l'enrichissement d'uranium.
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