mardi 8 janvier 2008

LITTÉRATURE - Le Bonheur des petits poissons - Simon Leys

Les Echos, no. 20083 - Entracte, mardi, 8 janvier 2008, p. 16

Le Bonheur des petits poissons - Simon Leys

Un éditeur peut toujours se tromper. L'un d'eux avait refusé « Animal Farm » d'Orwell, au prétexte que« les histoires d'animaux ne se vendent plus ». Simon Leys raconte cela dans l'une de ses chroniques au « Magazine littéraire », qui viennent d'être rassemblées, avec d'autres articles parus à « Ecrivain », à la « Nouvelle Revue française », à « Lire », dans « Le Bonheur des petits poissons » (J.C. Lattès). Leys parle des écrivains, de la Chine - qu'il connaît sur le bout des doigts -, de Sartre, Julien Sorel, Sainte-Beuve, de la paresse, du succès. C'est court, brillant, érudit. Voilà un livre à lire cette année.

Tout va trop vite. On a quelques regrets d'avoir passé à la trappe quelques-uns des meilleurs livres de la précédente rentrée. Les Médicis, par exemple. « Les Disparus » (Flammarion), de Daniel Mendelsohn (Médicis étranger), meilleur livre de l'année pour le magazine « Lire ». L'auteur raconte son enquête dans une dizaine de pays pour reconstituer la disparition de son grand-oncle polonais Shmiel, liquidé par les nazis en 1941 et à qui il ressemblait tant, enfant. Superbe. Il faut lire aussi l'autre Médicis, « La Stratégie des antilopes » (Seuil), de Jean Hatzfeld, ancien grand reporter à « Libération » : le troisième volet du génocide du Rwanda ; ici, le point de vue des survivants. Bouleversant. Il faudrait ne pas oublier non plus « Gomorra. Dans l'empire de la Camorra » (Gallimard), de Roberto Saviano : une plongée au coeur de la mafia napolitaine. Terrifiant. L'auteur, un jeune écrivain de vingt-huit ans, est depuis menacé de mort. Trois livres à lire, même s'ils sont de la saison dernière.

E. H.

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