Avant les JO, les « Mères de Tiananmen » ont pressé à nouveau le Parlement chinois d'ouvrir une enquête sur la sanglante répression du mouvement démocratique de 1989. Dans une lettre ouverte, Ding Zilin demande des excuses au pouvoir avant les JO de Pékin.
C'est le genre de rapprochement que Pékin déteste, surtout lorsqu'il sort de la bouche d'un Chinois. «Est-il possible que le gouvernement, hôte des Jeux olympiques de 2008, soit à l'aise en autorisant des athlètes du monde entier à fouler un sol souillé de sang et participer aux JO?» C'est Ding Zilin qui pose la question dans une lettre ouverte transmise à Human Rights Watch China, une ONG basée aux Etats-Unis. Cela alors que la pression monte sur Pékin pour respecter les libertés et les droits de l'homme, un engagement pris par la Chine lors de son acte de candidature. Pour la dissidence, Ding Zilin, 71 ans, est la «conscience de la Chine». Son fils de 17 ans a été tué d'une balle dans le dos dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, lorsque l'armée est intervenue pour mettre un terme aux manifestations pacifiques en faveur de la démocratie. Cette ancienne professeure de philosophie est depuis le début des années 1990 à la tête de l'association des «mères de Tiananmen» qui réunit une centaine de familles de victimes. Depuis onze ans, à la veille de la réunion annuelle du parlement, au printemps, Ding Zilin transmet une pétition adressée personnellement au secrétaire général du Parti communiste chinois et au premier ministre pour demander une enquête sur ce massacre qui aurait fait entre 1000 et 3000 morts, l'indemnisation des familles de victimes et le jugement des responsables politiques. Cette année, elle y a ajouté cette lettre ouverte qui ne devrait pas manquer de circuler sur Internet, y compris en Chine. «Alors que nous approchons du 19e anniversaire du 4 juin et que les splendides Jeux olympiques vont se tenir à Pékin, les gens vont dire: «Voici un gouvernement qui a envoyé des tanks dans sa capitale pour tuer d'innombrables étudiants et civils innocents; un gouvernement qui depuis dix-huit longues années a refusé de se confronter aux conséquences de cette tragédie et qui a sans cesse refusé le dialogue avec les familles des victimes», écrit Ding Zilin. Yang Jiechi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a indirectement répondu jeudi à Ding Zilin en repoussant les critiques occidentales sur les droits de l'homme: «Les gens en Chine jouissent d'une grande liberté de parole, a-t-il indiqué après une rencontre avec le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband. Nul ne sera arrêté parce qu'il a dit que les droits de l'homme étaient plus importants que les JO. C'est impossible.» Prudent, David Miliband, dont le pays accueillera les JO d'été de 2012, a expliqué que l'«engagement, pas un isolement, est la bonne voie pour aller de l'avant». Côté français, les secrétaires d'Etat aux Droits de l'homme, Rama Yade, et aux Sports, Bernard Laporte, ont publié une tribune dans le Figaro de jeudi pour expliquer qu'il fallait prendre la Chine au mot en précisant: «Alors disons-le une fois pour toutes. Pour la France, comme pour d'autres, le boycott n'est pas une option.» Deux dissidents, Hu Jia et Yang Chunlin, ont déjà été arrêtés pour avoir établi un lien entre les JO et les droits de l'homme. © 2008 Le Temps SA. Tous droits réservés.
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