vendredi 7 mars 2008

Les pétroliers chinois doivent forer sous leurs pieds - Cyrus Sanati

Le Monde - Economie, vendredi, 7 mars 2008, p. 15

Les Compagnies pétrolières chinoises ont eu du mal à se développer à l'étranger. Il est vrai que les " Big Three " - CNPC (PetroChina), Sinopec et Cnooc - rivalisent avec des majors occidentales qui ont plus d'expérience, une meilleure technologie et des liens politiques plus forts avec les pays exportateurs de pétrole.

Or les technologies d'exploration ont progressé et ont permis de découvrir des gisements d'hydrocarbures en Chine. La meilleure solution pour ces compagnies, et la plus sage, consisterait à dépenser leurs énormes moyens en forant à la maison, au lieu de les gaspiller en luttant contre les compagnies occidentales.

Mis à part le rachat réussi de PetroChina sur PetroKazakhstan en 2004, les opérations de fusion-acquisition ont été en effet difficiles à mener. Les préoccupations protectionnistes américaines ont ainsi empêché Cnooc de s'emparer de la compagnie californienne Unocal en 2005. Une tentative de prise de contrôle sur l'argentin Repsol a également capoté.

Les Big Three ont aussi connu des expériences difficiles en négociant des contrats de production avec des pays étrangers. Les groupes pétroliers chinois sont persona non grata en Russie en raison des tensions historiques entre les deux pays et ils ont peu d'influence au Moyen-Orient où des majors occidentales comme Exxon et BP opèrent depuis des décennies. Et là où ils ont remporté des contrats, le succès n'est pas assuré. Ainsi, ceux signés avec l'Iran il y a quatre ans n'ont encore rien donné de concret. Au Venezuela, au moment où CNPC s'apprêtait à lancer le projet d'Orimulsion, le président Hugo Chavez l'a nationalisé.

CULTIVER SON JARDIN

Les Big Three devraient plutôt cultiver leur jardin. La Chine est en effet au cinquième rang mondial pour la production - elle a crû de 17 % depuis 2000. Et cette croissance pourrait s'accélérer si les compagnies locales faisaient des investissements technologiques domestiques plus importants, notamment sur le gisement du bassin de Tarim (Nord-Ouest du pays), qui a un potentiel évalué à 44 milliards de barils de pétrole.

En outre, sur place, les coûts de production sont bien plus avantageux, ce qui fait espérer de plus gros bénéfices pour les actionnaires. Et une bataille aux enjeux moins politiques pour le patron des Big Three, le gouvernement chinois.

Cyrus Sanati

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