En couverture de Vision Magazine, le graphiste Chen Man met en scène une créature futuriste. Dans une tenue postmaoïste signée Wang Yiyang, un mannequin prend la pose avec un air hilare. Jamais le visage de la Chine, première puissance mondiale, n'aura été si expressif. Si contradictoire aussi. Dans son exposition baptisée China Design Now, le Victoria & Albert Museum ambitionne de présenter les multiples facettes du réveil créatif chinois. Et ce à travers près de 100 créateurs, dont 95 % de locaux (les outsiders étant, notamment, Herzog & de Meuron, agence auteur du Stade national de Pékin, commandé pour les JO). « Quand les gens considèrent la Chine, la plupart pensent impérialisme ou propagande ; on commence tout juste à envisager que ce n'est pas qu'un pays de producteurs, mais aussi de créateurs », observe Zhang Hongxing, commissaire avec Lauren Parker de l'exposition. Et pourtant Shenzhen héberge une nouvelle génération de graphistes parmi les plus talentueux. Les créateurs de mode s'agitent à Shanghai, tandis qu'à Pékin les architectes s'en donnent à coeur joie. Et ce n'est que le début. Le styliste Wang Yiyang reste lucide sur l'état de la mode dans son pays : « La Chine est en train d'apprendre, nous n'avons pas encore notre propre langage et la plupart des gens passent leur temps à regarder du côté de l'Occident, peut-être en espérant devenir comme ses habitants. » Le créateur, installé à Shanghai, a opté pour une autre démarche : créer un « nouveau style chinois » sans pour autant effacer le passé, mais le regard forcément braqué sur l'avenir.
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