Après plusieurs semaines d'incertitude, c'est la banque américaine Citigroup et ses partenaires qui auraient pris le contrôle de la banque chinoise Guangdong Development Bank, remportant la mise face au consortium mené par la Société générale.
L'accord, qui doit être validé par les autorités, a été signé jeudi 16 novembre à Canton par les représentants des deux banques. Le consortium mené par Citigroup va prendre 85,6 % du capital de la banque cantonaise, pour un investissement de 24,27 milliards de yuans (2,4 milliards d'euros).
C'est la première fois qu'un groupe d'investisseurs mené par des étrangers prend le contrôle d'une banque chinoise - même si la part de Citibank ne dépasse pas les 20 %, et si la part totale des investisseurs étrangers (IBM a rejoint l'attelage au dernier moment) est inférieure à 25 %, comme le stipule la loi. Quatre partenaires chinois sont présents aux côtés de Citigroup, dont l'électricien State Grid Corp., China Life Insurance et Citic Trust and Investment.
PAS DE TRANSPARENCE
A l'origine, Citigroup et la Société générale avaient tenté d'avoir le feu vert pour une participation supérieure à la limite imposée par la réglementation chinoise dans la Guangdong Development Bank, mais les autorités locales n'avaient pas fléchi.
Citigroup a dû recomposer son consortium plusieurs fois. « Son offre n'était pas finalisée lors du dernier tour le 31 août. La procédure n'a pas été transparente. Les règles n'ont pas été respecté es », dit un proche du dossier, côté français.
Le prestige de Citigroup, sa forte présence en Chine, ses capacités de formation ainsi qu'un lobbying intense des Américains (auquel participa George Bush senior) ont convaincu ses interlocuteurs.
Le voyage de Jacques Chirac en Chine, en octobre, eut lieu trop tard. « Citigroup était le choix initial de la Guangdong Development et du gouvernement local. La Société générale n'est venue que bien après. Sa contre-proposition a permis à la partie chinoise d'être en meilleure position pour négocier. On peut d'ailleurs se demander si Citigroup fait une si bonne affaire que ç a », dit un expert français.
Dotée de 500 succursales dans 27 villes, très engagée auprès des sociétés municipales dépendant du gouvernement local, la Guangdong a été en partie « nettoyée » avant son rachat. Il reste que le groupe américain devrait disposer d'une marge de manoeuvre suffisante pour en remanier l'encadrement et restructurer ses activités.
C'est d'ailleurs le souhait du gouvernement chinois, qui souhaite stimuler la concurrence et semble prêt à soumettre un certain nombre de banques au traitement de choc de la gestion occidentale.
La Shenzhen Development Bank, qui est présidée par un Américain depuis que le fonds d'investissement TPG-Newbridge a pris 18 % de son capital en 2004, a servi de ballon d'essai.
Au cours des deux dernières années, 20 milliards de dollars (15,6 milliards d'euros) ont été investis par les banques étrangères sous forme de prises de participation dans les établissements bancaires chinois en vue de l'ouverture complète du marché local à partir du 11 décembre 2006.
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