Les objectifs que s'est donnés la Chine en matière de lutte contre le réchauffement climatique se révèlent plus difficiles que prévu à réaliser : selon un bilan sur les changements climatiques publié fin octobre par l'agence de planification chinoise, la Chine pâtit de sa trop grande dépendance vis-à-vis du charbon, qui fournit les deux tiers de sa production d'électricité.
Le poids du charbon dans la " formule énergétique " chinoise, selon l'expression employée dans le document, reste d'autant plus problématique que cette forme d'énergie a un coût caché très élevé si on prend en compte son impact social et écologique.
D'après un rapport intitulé le " Vrai prix du charbon ", commandé à des économistes chinois par trois organisations internationales (le Fonds mondial pour la nature, Greenpeace et Energy Foundation aux Etats-Unis), chaque tonne de charbon consommée en Chine ne coûte que 40 % du prix réel en raison surtout de l'inefficacité des réglementations existantes et des distorsions du marché.
Le rapport évalue à 7,1 % du PIB ce coût caché du charbon en Chine et encourage à mettre en place des taxes conséquentes pour diminuer son utilisation et favoriser d'autres sources d'énergie. L'agence de planification prévoit de son côté de rationaliser la production en créant des mines géantes, et d'augmenter le taux de récupération du charbon, inférieur de moitié à celui des Etats-Unis.
EN TÊTE DES POLLUEURS
Xie Zhenhua, le vice-ministre de la planification, a pour la première fois reconnu officiellement que les émissions de gaz à effet de serre chinois étaient comparables à celles de l'Amérique. " Selon les informations dont nous disposons, nos émissions totales sont à peu près équivalentes à celles des Etats-Unis ", a-t-il déclaré, confirmant implicitement les études, comme celles du laboratoire National d'Oak Ridge, qui placent la Chine en tête des pollueurs mondiaux.
En 2005, la Chine s'était donnée pour objectifs de réduire la quantité d'énergie qu'elle consomme de 20 % par unité de PIB en cinq ans. Or, selon M. Xie, la réduction obtenue était de 5,38 % fin 2007. De même, la diminution de la pollution de l'air et de l'eau n'a été que de 3 et de 4 % respectivement sur la même période, en deçà du rythme nécessaire pour parvenir à une diminution de 10 % de ces deux indices de pollution d'ici à 2010.
" Le travail qu'il reste à faire pour les trois années à venir va être très difficile, mais - le gouvernement - fera tout pour évaluer la situation au vu de nos objectifs ", a déclaré M. Xie, encourageant les pays développés à contribuer à hauteur d'au moins 0,7 % de leur PIB à des transferts de technologie en faveur des pays en voie de développement dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
La part du renouvelable doit passer à 15 % d'ici à 2020, et la Chine a lancé de très ambitieux programmes d'équipement en centrales nucléaires, barrages et parcs d'éoliennes.
La récession économique pourrait aussi aider la Chine à atteindre ses objectifs : le secteur sidérurgique chinois, gros consommateur d'électricité, a vu ses commandes chuter ces dernières semaines, provoquant l'arrêt temporaire d'usines et une vague de chômage technique.
Brice Pedroletti
PHOTO - Getty Images/Jason Hawkes
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