Les appels au boycott d'entreprises françaises ont déjà repris sur les forums Internet chinois. Les entrepreneurs français estiment toutefois que Pékin, avec la crise, n'a pas intérêt à une détérioration trop vive des relations bilatérales.
Pékin pourrait prendre soin de ne pas se mettre à dos les grands distributeurs français : l'essentiel de leurs marchandises vient de Chine.
Très surpris par le spectaculaire coup de colère des autorités chinoises et l'annulation des déplacements du Premier ministre Wen Jiabao à Lyon et Paris (« Les Echos » du 27 novembre), les milieux d'affaires français tentaient, hier, de se rassurer et espéraient que la nouvelle dégradation des relations bilatérales ne dégénérerait pas avec la même violence qu'au printemps dernier. Furieux des commentaires de Nicolas Sarkozy sur la situation au Tibet, les internautes chinois, soutenus par un pouvoir communiste consentant, avaient organisé un boycott des produits et enseignes français.
Très présent dans le pays avec 120 magasins, Carrefour avait notamment cristallisé, pendant plusieurs semaines d'avril et de mai, les campagnes de dénigrement avant de voir ses ventes plonger.
Si les appels au boycott de produits français ont déjà repris sur les forums des portails chinois les plus populaires - ils sont pour l'instant moins nombreux qu'au printemps -, beaucoup de cadres d'entreprises hexagonales estimaient, hier, que l'aggravation de la situation économique mondiale pourrait pousser Pékin à désamorcer toute nouvelle campagne anti-française.
Grands importateurs européens
« La Chine est, elle aussi, inquiète pour sa croissance et n'a pas intérêt à se brouiller avec les acteurs économiques européens qui ont déjà dû limiter leurs importations de produits «made in China» », expliquait, hier, un expert. Pékin pourrait notamment prendre soin de ne pas se mettre à dos les grands distributeurs français dont l'essentiel de leurs marchandises provient de Chine. En outre, ils font vivre des centaines d'entreprises de la cote déjà violemment touchées par la baisse de la demande mondiale.
En début de semaine, les chancelleries chinoises d'Europe avaient d'ailleurs réuni, dans plusieurs capitales, les grands importateurs européens pour les appeler à ne pas freiner trop violemment leurs commandes de produits chinois dans les prochaines semaines.
Dans ce contexte économique déprimé, le courroux des autorités chinoises pourrait, cette fois, ne prendre qu'une dimension politique et se focaliser sur la personnalité de Nicolas Sarkozy. Hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a ainsi tenu à expliquer que l'annulation du sommet Union européenne-Chine ne devait pas être perçue comme un geste d'irritation à l'égard des Vingt-Sept mais bien comme une réaction à la décision du chef de l'Etat français de rencontrer, le 6 décembre prochain, le dalaï-lama en Pologne.
YANN ROUSSEAU
Note(s) :
DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.
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