Le gouvernement chinois redoute les conséquences sociales du ralentissement, surtout la hausse du chômage. Hier, les médias d'Etat assuraient que les provinces débloqueraient près de 1.500 milliards de dollars pour doper l'activité.
En 2009, 24 millions de personnes supplémentaires devraient entrer sur le marché du travail.
Wen Jiabao ne s'arrête plus. Multipliant les initiatives pour redonner de la vigueur à la croissance du pays, le Premier ministre chinois a passé son dimanche dans la région du delta du Yangtze, près de Shanghai, où il a appelé les entreprises à « garder confiance ». Très dépendante des exportations, la région est frappée de plein fouet, comme le reste du pays, par l'entrée en récession des grandes économies occidentales et le ralentissement du commerce extérieur chinois. « La confiance des entrepreneurs est une arme puissante pour faire face aux turbulences économiques globales », a martelé le chef du gouvernement. Omniprésent dans les médias d'Etat du pays, il tente, depuis plusieurs jours, de convaincre les entrepreneurs et les banques domestiques de maintenir leurs investissements afin de prévenir un trop rapide refroidissement de l'économie qui risquerait de déboucher sur une violente crise sociale.
Contamination de la grogne
Les autorités de Pékin ont les yeux particulièrement rivés sur les statistiques du chômage, qui mesurent exclusivement l'état de l'emploi en zone urbaine et ne tient pas compte de la situation des « ruraux » qui travaillent à la campagne ou ont quitté leurs villages pour les chantiers et les usines de la côte est. Officiellement bloqué à environ 4 % depuis des années, le taux de chômage serait sur le point d'atteindre les 4,5 %, a laissé entendre, la semaine dernière, Yin Weimin, le ministre de la Sécurité sociale et des Ressources humaines. « La situation est aujourd'hui critique et pourrait être encore davantage influencée » par la crise économique internationale, a expliqué l'officiel, qui redoute une dégradation du marché du travail au premier trimestre de 2009. Déjà, 8,3 millions de travailleurs peineraient à trouver un emploi, alors que 24 millions de personnes supplémentaires devraient entrer sur le marché du travail en 2009.
Si aucun mouvement social massif n'a pour l'instant été recensé dans le pays, une multitude d'incidents impliquant des travailleurs licenciés ou des paysans dépités ont été évoqués dans les médias locaux. Pour éviter une contamination de la grogne, Pékin vient d'annoncer l'augmentation des indemnités versées aux paysans expropriés et des aides aux travailleurs licenciés. Hier, les autorités ont également indiqué que les gouvernements locaux allaient épauler le grand plan de relance de 4.000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) promis par le gouvernement central en début de mois. Selon CCTV, 10.000 milliards de yuans (1.464 milliards de dollars) supplémentaires pourraient ainsi être mobilisés par les provinces dans des « projets d'infrastructures ».
YANN ROUSSEAU DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.
PHOTO - AFP
© 2008 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire