Le tribunal correctionnel a rendu son jugement, jeudi, dans le cadre d'un trafic d'êtres humains impliquant les exploitants d'un restaurant chinois établi dans la cité des Cinq Clochers. Prévenu d'avoir embauché cinq travailleurs clandestins en provenance d'Asie, le couple cité à la barre a écopé de 2 ans de prison tout en bénéficiant d'un sursis de 5 ans pour ce qui excède la détention préventive déjà subie.
Respectivement âgés de 32 et 39 ans, Y.W. et P.B. devront, en outre, s'acquitter d'une amende de 131.454 euros que leur réclame la justice suite aux avantages patrimoniaux perçus illégalement. L'argent était bloqué sur un compte au Luxembourg. Entre 2001 et 2004, les propriétaires du resto incriminé avaient utilisé du personnel non déclaré dans des conditions jugées contraires à la dignité humaine.
Outre la perception d'un salaire peu élevé, les victimes ne bénéficiaient d'aucune couverture sociale. Ces expatriés ont débarqué en Belgique via des filières opérant depuis la Chine. Un des plaignants aurait dû verser 30.000 dollars à son passeur pour rejoindre l'Europe sur le toit d'un camion et après avoir risqué sa vie en franchissant des ravins. Une collègue de travail aurait, elle, était battue et violée durant son périple. Accusés d'avoir favorisé le transit et le séjour illicite de compatriotes sur notre territoire, les restaurateurs ont toujours maintenu qu'ils ignoraient le vécu et la précarité socio-économique des personnes recrutées.
Selon le ministère public, ces expatriés en quête du rêve européen étaient exploités par les gérants du resto chinois qui les faisaient travailler 15 heures par jour, 6 jours sur 7 et ce, pour un salaire mensuel de 700 euros. À l'audience du 13 novembre dernier, la défense avait plaidé en faveur d'une simple déclaration de culpabilité, estimant que ses clients étaient totalement étrangers à cette organisation mafieuse.
© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2008
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire