dimanche 14 décembre 2008

EN IMAGES - Les poids lourds asiatiques tentent de se coordonner face à la crise

Les Echos, no. 20320 - International, vendredi, 12 décembre 2008, p. 9

Prévu initialement en septembre puis reporté à cause de la démission du Premier ministre japonais, le sommet trilatéral qui se tient demain à Fukuoka est une première. Jamais jusque-là les trois principales économies de la région ne s'étaient retrouvées en dehors des institutions internationales. La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont beau être invitées, chaque année, à la réunion des pays d'Asie du Sud-Est (Asean), ils vont cette fois tenter, à l'initiative du Japon, d'avoir une démarche commune. Signe de l'importance donnée à l'événement : Wen Jiabao, le premier Chinois, fait le déplacement de Pékin en même temps que Lee Myung-bak, le président sud-coréen, le fait de Séoul. A Fukuoka, ils seront accueillis par Taro Aso, Premier ministre nippon.














Le pari est pourtant loin d'être gagné dans cette Asie où les relations politiques demeurent à fleur de peau. Le Japon va, par exemple, demander à la Chine au cours de ce sommet des explications à l'entrée dans ses eaux territoriales, au début de cette semaine, de deux bâtiments battant pavillon chinois.

L'essentiel des discussions pourtant va bel et bien porter sur le volet économique et financier. A la différence de l'agenda de septembre, la crise s'est, depuis, invitée au sein de chacune des économies. Dans un geste de bonne volonté à l'égard de la Corée voisine, le Japon a proposé hier d'élargir à 30 milliards de dollars, au lieu de 13 actuellement, son accord de « swap » avec Séoul. Un accord d'échange qui permet au Japon de mettre à disposition de la Corée des fonds en devises contre du won. Ce soutien accru à la devise coréenne est destiné à enrayer sa chute, la plus forte enregistrée depuis la crise financière asiatique de 1998. Un déclin qui fait de la Corée du Sud « le maillon faible de la région que personne n'a intérêt à voir lâcher », selon les termes de François Godement, qui dirige le centre de recherche Asia Centre. Demain, la Chine pourrait d'ailleurs être tentée de faire, elle aussi, un geste pour aider Séoul.

Soutiens mutuels

L'élargissement de ces accords de « swap » découle d'un engagement pris en octobre au sein de l'Asean par lequel les dix membres de l'organisation régionale se sont engagés à renforcer leurs soutiens mutuels. Ces initiatives s'inscrivent dans le droit-fil de celle de Chiang Mai en 2000. Deux ans après la crise financière, les pays asiatiques s'étaient retrouvés pour définir les moyens de renforcer leur coopération économique et financière. Le sommet de demain s'est fixé pour objectif d'approfondir cette coopération économique. A défaut d'une véritable entente politique.

Encadré(s) :

Les mesures de relance

- Corée : début septembre, la Corée a annoncé une injection de 12,1 milliards d'euros dans l'économie. Le 22 septembre, le président a présenté un nouveau plan sur cinq ans, prévoyant d'investir 67 milliards dans des secteurs d'avenir. L'Etat n'apportera que 8 % de cette somme.- Japon : fin août, un premier plan de relance de 73,3 milliards d'euros avait été adopté. Un second a suivi, deux moins plus tard, de 207 milliards pour relancer la consommation et aider les PME japonaises. Là encore, « seuls » 15 milliards représentent une dépense supplémentaire pour le gouvernement.- Chine : début novembre, le Premier ministre a annoncé qu'il allait dépenser 455 milliards d'euros, en deux ans, pour soutenir la croissance, dont 204 milliards seraient consacrés aux infrastructures.

MICHEL DE GRANDI ET GABRIEL GRESILLON

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