En la présentant le 9 décembre 1968, sous le vocable d'" indicateur de position X-Y pour système d'affichage ", Douglas Engelbart n'imaginait sûrement pas ce que serait l'avenir de ce qui allait devenir la " souris " d'ordinateur. Le petit parallélépipède de bois, doté d'un seul et unique bouton, que le chercheur de l'université Stanford (Etats-Unis) tenait alors dans sa main, est devenu cet objet présent aujourd'hui sur tous les bureaux du monde et dans beaucoup de domiciles privés.
La première souris était plutôt sommaire : deux roues crantées permettaient de déplacer un pointeur sur l'écran soit horizontalement, soit verticalement. Les interfaces graphiques, telles qu'on les connaît aujourd'hui avec leurs fenêtres et leurs icônes, n'existaient pas encore. Pas de couleurs, uniquement du texte à l'écran...
Année après année, il s'est d'ailleurs toujours trouvé des prophètes pour envisager sa fin prochaine. Ils finiront sans doute un jour par avoir raison. IBM avait un temps doté ses portables d'un trackpoint, petit bouton au centre du clavier qui en faisait office. Un touchpad, surface tactile de quelques centimètres carrés, est désormais systématiquement placé sur le devant des ordinateurs portables. Pratique quand on n'a rien d'autre. Mais rien n'est jamais parvenu à ce jour à détrôner la souris.
Le numéro un mondial du secteur, le fabricant suisse Logitech, vient même de souffler à sa manière les 40 bougies. Début décembre, sa milliardième souris est sortie de son usine de Suzhou en Chine. Et la marque ne compte pas en rester là : selon ses prévisions, le deuxième milliard devrait être atteint en 2014. Le cap du premier million avait été franchi en 1988. Celui des 500 millions quinze ans plus tard, en 2003. Le marché global s'élèverait aujourd'hui à quelque 1,5 milliard de dollars.
Son utilisation a commencé à se répandre dans les années 1980, avec l'arrivée des premiers Macintosh d'Apple, puis un peu plus encore avec la première interface graphique signée Microsoft, Windows. Elle a ensuite épousé l'évolution de l'informatique grand public. Elle a été dotée d'un deuxième bouton dans l'univers PC (clic droit-clic gauche, qui reste encore parfois déroutant), puis d'une molette pour faire défiler les documents de bas en haut et de haut en bas, fonction qui allait se révéler tellement pratique avec le Web.
La boule mécanique a été remplacée par un pointeur optique puis un laser, plus précis, qui ne s'encrasse ni ne se bloque. Elle est évidemment devenue sans fil, à l'heure du Bluetooth et autres transmissions radio. Aujourd'hui, elle accompagne tout aussi logiquement le grand boum de l'ordinateur portable en s'accrochant au dos de l'écran pour les déplacements... Avec sa récente MX Air, Logitech inaugure déjà ce que seront peut-être les périphériques du futur. Celle-ci n'a même plus besoin d'être posée sur le bureau et se manipule tout aussi bien dans les airs.
Dans les univers virtuels en trois dimensions, le petit instrument de pointage a toutes les chances de connaître à l'avenir une nouvelle mutation. Design, ergonomie, matières : la petite souris en bois de monsieur Engelbart a en tout cas déjà bien changé. Normal, elle a quarante ans.
Olivier Zilbertin
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