Des groupes de touristes, guidés par des hommes et des femmes un petit drapeau vert ou jaune à la main, tentent de résister au fort vent qui souffle depuis une semaine sur la capitale. À découvert, la température a chuté aux alentours des -10ºC. Emmitouflés dans d'énormes anoraks, armés de bonnets, écharpes et gants, ils arborent pourtant le sourire béat d'enfants transplantés au pays de Mickey.
« Je suis arrivé hier avec ma mère de Wuhan (la capitale de la province du Hubei, au centre du pays), se réjouit un homme de 24 ans. C'est la première fois que je viens à Pékin. Le Nid d'oiseau (le stade olympique) est le premier site que nous visiterons, puis nous irons au Cube d'eau. Nous les avons tellement vus à la télé que nous voulions pouvoir marcher dans leurs allées. Ensuite, nous visiterons la Cité interdite. »
Leur démarche n'a rien d'unique. Chaque jour depuis début octobre, ils sont entre 35.000 et 40.000 à arpenter les traverses du Nid d'oiseau. Le billet d'entrée étant fixé à 50 yuans (autant que pour la visite de la Cité interdite), les propriétaires du stade empochent chaque jour entre 1,4 million et 2 millions de yuans (entre 160.000 et 225.00 euros). Le Cube d'eau accueille de son côté quotidiennement entre 20.000 et 26.000 visiteurs, pour un billet à 30 yuans, soit un revenu quotidien entre 600.000 à 780.000 yuans (68.000 à 88.000 euros).
L'esprit olympique reste vivace dans les esprits des touristes et les propriétaires des sites entendent bien en profiter. Le stade olympique et le Cube d'eau sont tous les deux proposés en location aux organisateurs d'événements. Il n'est absolument pas prévu que ces sites soient utilisés pour le grand public comme les organisateurs l'avaient claironné avant les Jeux. En dehors d'une poignée de compétitions scolaires fin septembre, juste après les Jeux paralympiques, aucun événement sportif n'a ainsi eu lieu dans le Nid d'oiseau.
En revanche, depuis le 30 septembre, l'orchestre symphonique national de Chine donne un concert tous les jours, sauf le lundi, au bord des bassins olympiques.
« Pour retrouver l'esprit olympique, voir la piscine et les changements de lumière du Cube », fanfaronnent les bannières publicitaires devant l'enceinte. Les billets sont proposés à des tarifs très élevés pour la Chine : entre 35 et 141 yuans. Le spectacle durera jusqu'à la fin janvier.
« À partir du 1er février, vous pouvez louer le Cube quand vous le désirez, explique l'une des employées de l'agence chargée de la location de l'espace. Vous pouvez y organiser les événements que vous désirez, concerts, soirées ou même emmener des enfants se baigner, tant que vous payez : 500.000 yuans (56.000 euros) par jour, acoustique et éclairage multicolore de la structure du Cube compris. »
Si les touristes sont heureux de visiter les sites olympiques, les Pékinois peuvent se féliciter d'un changement dans leur quotidien : la circulation est un peu moins intense qu'avant le mois d'août grâce à la circulation alternée imposée par la municipalité de Pékin. Pendant les Jeux, les Pékinois ne pouvaient utiliser leur véhicule qu'un jour sur deux, selon le numéro (pair ou impair) de leur plaque d'immatriculation.
Ce système a été allégé et, depuis le mois d'octobre, l'interdiction est limitée à un jour par semaine pour les voitures privées, professionnelles et pour 70 % des voitures gouvernementales (soit chaque jour 800.000 des 3,5 millions de voitures). Dommage que dans le même temps le ciel de Pékin ait retrouvé son jaune de gris d'antan.
© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2008
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