L'assureur chinois, qui a déjà vu son investissement dans le groupe belgo-néerlandais perdre plus de 90 % de sa valeur, voudrait réclamer des dédommagements à l'Etat belge.
Ping An ne sait plus comment sortir de son bourbier « Fortis ». Triomphant, il y a tout juste an, après avoir validé son entrée à hauteur de 4,18 % dans le groupe belgo-néerlandais en échange d'un chèque de 1,81 milliard d'euros - sa participation a depuis atteint 4,99 % suite à des rachats d'actions - le deuxième plus grand groupe d'assurance-vie chinois enchaîne les déconvenues. Il a d'abord vu la valeur de son investissement fondre de plus de 90 % en un an avec la chute du titre Fortis avant d'assister au démantèlement du groupe de banque et d'assurance.
Bien qu'étant le plus gros actionnaire de la société, Ping An a ainsi dû se résigner, impuissant, à la vente de certains des actifs jugés les plus rentables de Fortis à BNP Paribas et au gouvernement néerlandais. Selon la presse chinoise, Ping An estimerait que ces ventes pourraient réduire de plus de 90 % la profitabilité globale de Fortis et réduirait d'autant le retour sur investissement escompté par le groupe chinois lors de sa prise de participation.
« Problèmes diplomatiques »
Très remonté, l'assureur, qui a déjà inscrit pour 1,78 milliard d'euros de pertes liées à son investissement, aurait décidé, ce week-end, de demander aux autorités centrales chinoises de l'aider à percevoir des dédommagements. L'assureur chinois estimerait, en effet, que le rôle joué par le gouvernement belge dans cette affaire équivaudrait à « une confiscation » et souhaiterait en conséquence recevoir des compensations. Selon la presse, le ministère du Commerce chinois pourrait être chargé des négociations. « BNP Paribas n'a pas fait que racheter des actifs de Fortis, mais a également beaucoup de problèmes diplomatiques », expliquait, vendredi, à l'agence Reuters, Mei Xinyu, un expert du ministère du Commerce chinois. Il estime que les décisions des gouvernements belge et néerlandais ont « aggravé » les pertes déjà colossales de Ping An.
Pour justifier sa démarche, Ping An pourrait s'appuyer sur un ancien traité commercial liant la Belgique et la Chine. Le texte assure que des compensations pourraient être négociées si l'entreprise de l'un des deux pays se retrouvait flouée par la nationalisation d'une société de l'autre pays.
YANN ROUSSEAU
Note(s) :
DE NOTRE CORRESPONDANT À PEKIN.
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