"Taïwan comme on ne l'a jamais vue"
«Une corruption incroyable avec pour conséquence un désordre tous les trois ans et une rébellion tous les cinq ans », voilà comment Liao Wen-kuei, intellectuel taïwanais chrétien, décrit la situation de Taïwan sous la dynastie Qing, dans la revue jésuite de l'université Aurore de Shanghaï, en 1946. Avant de prédire, déjà à l'époque, ce qui vaut encore aujourd'hui : « Formose sera pour la Chine comme la Sardaigne, qui a donné à l'Italie son unité, ou bien Formose sera pour la Chine comme l'Irlande, qui a fait éclater le Royaume-Uni. » En ouvrant la revue avec un article aussi prémonitoire, le rédacteur en chef, René Viénet, qui connaît parfaitement Taïwan, donne le ton et explique le titre de cette fabuleuse livraison de Monde chinois. Un retour aux sources de l'histoire de cette île, si méconnue ou même parfois ignorée, à tort.
Ce numéro très singulier nous offre une série des cinquante premières photographies prises à Taïwan il y a près d'un siècle par John Thomson, grand voyageur, ethnographe et géographe. De magnifiques photos en noir et blanc, des hommes sur une plage, des pêcheurs, des chasseurs, des montagnes et de la végétation... Un appel à l'imagination qui nous transporte dans une autre dimension de cette île du Pacifique, si proche de la Chine, colonisée par les Portugais, les Hollandais et les Japonais... rendant à Taïwan une identité plus complexe que celle imaginée au regard de l'histoire contemporaine.
Plusieurs articles abordent également des thématiques d'actualité, comme la situation économique, le rapprochement avec le continent ou bien l'état de santé de la démocratie sur cette île exemplaire en la matière. Au point de faire écrire à l'éditorialiste de Monde chinois que ce numéro aurait pu s'intituler « Histoire et démocratie » et que cette dernière n'était peut-être pas un produit d'exportation vers la République populaire de Chine.
MALOVIC Dorian
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