dimanche 18 janvier 2009

DOCUMENTAIRE - Ils sont fous ces chinois - France 5










Le Monde - Supplément Télévision, lundi, 30 juin 2008, p. TEL19

FRANCE 5 DOCUMENTAIRE - Fabrice Hoss (Fr., 2008).
Ils sont fous ces Chinois ! - Valérie Cadet

Pour la forme et le ton adoptés, ce documentaire serait plutôt un patchwork de reportages façon « Capital » sur M6, le tout sanglé sous un titre vaguement racoleur, suffisamment flou pour embrasser n'importe quoi. N'importe quoi, n'importe comment, comme l'écume d'une société allégrement débarrassée de son histoire entravée et de sa civilisation. Cible d'étude, une génération zéro, « débridée »; une caste de nouveaux riches, avec son lot d'opportunistes, d'imposteurs et de floués enthousiastes.

D'un aveuglement ou d'une dictature l'autre, comme partout. C'est vrai que la moutarde monte au nez à l'exposition des nuisances branchées qui déboulent en trombe dans cette Chine avide de jouir, ici et maintenant, de toutes les formes de consommation jusqu'alors interdites. L'affaire a bien sûr sa part de légitimité sauf que, là encore et plus qu'ailleurs, les laissés-pour-compte font masse.

En une quinzaine de chapitres, ce panorama des nouvelles formes de dépenses au singulier et au pluriel décline l'inquiétante façon dont la Chine des Jeux olympiques intègre, dans la frénésie et à grande échelle, certains types de modes de vie, de loisirs et de modèles occidentaux.

En tête d'affiche, les clients friqués des stations de neige artificielle, à proximité de villages exsangues, qui s'adonnent à des concours de « bikini-ski » subventionnés par de grandes marques. Les fêtards de la nuit pékinoise, abreuvés de bière hollandaise et de cigarettes américaines. Ou encore les « artistes », nouveaux fleurons du marché international, installés dans les usines désaffectées jadis construites par des ingénieurs est-allemands. Dans le Pékin en perpétuelle mutation, les galeries fleurissent et accueillent le nec plus ultra de la subversion, comme les « Miss Mao » à poitrine généreuse des frères Gao.

Plus loin, plus fort, au sud d'Hongkong, Hainan, baptisé « le Hawaï chinois », où les fonctionnaires en uniforme fleuri côtoient les colonies de Russes, séduits par ce havre de sécurité. Avant 2020, prédit l'Organisation mondiale du tourisme, la Chine deviendra la première destination de la planète...

En apothéose, une séquence de cynisme triomphant sur le marché sans frontières de la « beauté » fabriquée. Wei Qian, mannequin de 23 ans avec dix opérations au compteur, est l'ambassadrice d'une clinique de luxe où l'on pratique plus d'une quarantaine d'opérations des yeux par mois. Histoire de rejoindre, au propre comme au figuré, la grande classe des nantis de la planète, au prix fort.

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