mardi 6 janvier 2009

La demande de la Chine fait s'envoler le commerce mondial du porc - Marie-Josée Cougard

Les Echos, no. 20334 - Industrie, lundi, 5 janvier 2009, p. 13

Le commerce de viande de porc s'est littéralement envolé en 2008 avec une progression d'environ 20 % des échanges mondiaux, qui n'augmentaient que de 3 % à 5 % par an depuis plusieurs années, selon l'Office de l'élevage. La hausse de la demande chinoise (+ 142 %) en est largement responsable, et celle de Hong Kong dans une moindre mesure (+ 22 %).

L'ancien empire du Milieu a dû faire face au dynamisme de la consommation stimulée par les jeux Olympiques alors que divers facteurs ont pesé sur sa production. En 2007, la maladie connue sous le nom de « Syndrome reproducteur et respiratoire du porc » (SRRP) a obligé les Chinois à abattre près de 40 millions de bêtes, que l'augmentation de la production en 2008 n'a pas pu remplacer. A cette situation s'est ajoutée une hausse des coûts des matières premières, que les aides gouvernementales n'ont pas effacée, et qui a freiné la production.

Résultat, la Chine s'est tournée vers les Etats-Unis et l'Union européenne, les deux plus gros acteurs du commerce international de porcs, pour répondre à l'essentiel de ses besoins. Les Etats-Unis, grâce au dollar faible, ainsi qu'à l'apparition d'un nouveau vaccin anti-SRRP, ont pour la première fois dépassé le million de tonnes à l'exportation de porcs dans le monde. Les exportateurs européens ont tiré parti d'une offre communautaire importante et des aides à l'exportation accordées par Bruxelles pour dégager le marché intérieur.

Le Brésil toujours dynamique

A l'inverse, la Chine, où se trouvent près de 60 % des cochons de la planète, a vu ses exportations divisées par trois en l'espace de deux ans entre 2006 et 2008.

Deuxième importateur mondial de viande porcine, la Russie a continué d'accroître ses achats (+ 5 %) en 2008 malgré l'instauration de quotas d'importation. Sur la période 2004-2008, Moscou les a augmentés de 53 %. Le Canada et le Mexique aussi ont largement contribué au courant d'importation, tout comme le Japon, dont les Etats-Unis sont le fournisseur privilégié.

L'Union européenne a maintenu ses ventes au Japon, mais tous les pays membres n'en ont pas profité. L'Irlande et la France ont perdu des places sur ce marché pour le plus grand bénéfice de l'Espagne, de la Hongrie, des Pays-Bas et de la Pologne. Toujours très dynamique, le Brésil a réussi à réduire sa dépendance à l'égard des importations russes, qui représentent encore 41 % de ses ventes à l'étranger, en diversifiant ses débouchés notamment en Chine et en Europe de l'Est.

En 2009, prévoit l'Office de l'élevage, la configuration du marché international devrait changer en raison de la baisse de la production américaine et européenne. La crise financière et économique risque de peser sur la consommation de viande, ainsi que sur le potentiel d'achat de pays tels que le Japon, la Corée du Sud, la Chine, la Russie et l'Ukraine. Le Brésil et la Chine devraient cependant tirer avantage des prix bas du soja, l'un des éléments essentiels de l'alimentation des porcs, sur leurs territoires.

MARIE-JOSÉE COUGARD

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