L'année du Buffle sous le signe de l'honnêteté - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20056 - Le Figaro, jeudi, 22 janvier 2009, p. 8

Pékin entend accentuer la lutte contre une corruption de plus en plus sophistiquée.

AUX MILLIONS de fonctionnaires chinois, Pékin vient de rappeler que l'année du Buffle risquait aussi d'être celle des vaches maigres. Et qu'il était hors de question de mener grand train en cette période festive du Nouvel An chinois. Une circulaire de la Commission pour l'inspection de la discipline du Parti rappelle aux officiels qu'ils doivent « vivre une vie frugale et exclure l'extravagance et le gâchis ». Selon Chine nouvelle, le document précise que durant les fêtes « les banquets, visites touristiques et cadeaux faits avec de l'argent public sont absolument interdits ». La période est, il est vrai, propice aux cadeaux... et aux pots-de-vin.

Le pouvoir chinois fait plus que jamais de la lutte contre la corruption des cadres locaux du Parti son cheval de bataille. Une nécessité absolue puisqu'elle n'est à peu près tolérée que lorsque les fruits de la croissance sont là. La crise risque de la rendre totalement insupportable. Parmi les derniers cas médiatisés, la destitution d'un cadre communiste de Nanjing avait déclenché la fureur des internautes chinois après que des photos l'eurent montré portant une montre à 10 000 euros et fumant des cigarettes à 15 euros le paquet...

151 000 fonctionnaires condamnés en 2008

Autre affaire qui défraie la chronique, celle de dizaines de responsables du Guangdong qui ont joué plus de 20 millions de yuans (2,15 millions d'euros) de fonds publics à Macao. Un responsable de la ville de Foshan, Chen Zhiqiang, a été condamné à la prison à vie pour avoir flambé 13 millions de yuans en deux ans.

Toujours selon la Commission d'inspection, 151 000 fonctionnaires - dont 4 960 de haut rang - ont été condamnés pour corruption en 2008, et 708 millions d'euros ont été récupérés. Grande tendance de 2008, l'organe officiel note une sophistication du phénomène. On passe de la corruption de base, entre potentats locaux et promoteurs immobiliers par exemple, à des détournements sur de gros contrats ou des fraudes financières. Des cadres ont ainsi été condamnés pour avoir placé de l'argent public en Bourse, argent depuis parti en fumée... La Chine se modernise à grands pas.

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