Voilà un mot qui fait recette en Chine populaire. Une simple recherche sur Google portant sur le mot zaojia (littéralement : fabrication de faux, falsifier) donne en 0,22 seconde plus de 6,4 millions de résultats. Dans tout le pays, les internautes dénoncent la falsification généralisée de cigarettes, de médicaments, de diplômes ou de statistiques. Ils mettent surtout en cause l'apparition d'une vraie culture de la falsification. Le sentiment de duperie prévaut, créé par la perte du sens du vrai et du faux.
Plusieurs événements y ont contribué. Le premier est l'affaire de la publication, en octobre 2007, de la fausse photo d'un faux tigre dans la nature. Un mouvement national a alors dénoncé le mensonge, soutenu par les autorités locales, et le débat sur Internet a duré plus de un an. Le deuxième événement est bien sûr cet énorme scandale du lait frelaté qui a rendu malades des centaines de milliers de nourrissons et a fait au moins six morts. Constatant que la soif du profit allait jusqu'à mettre en danger des nourrissons, l'opinion publique a perdu toutes ses illusions.
Plus terrifiant encore aux yeux de la population, les cérémonies des Jeux olympiques elles-mêmes ont été le théâtre d'une falsification officielle : la voix d'une petite fille a été prêtée au visage d'une autre, plus jolie. Peu avant, un reportage de la télévision de Pékin avait dénoncé la fabrication de petits pains à la vapeur fourrés d'une farce faite à base de carton. Quelques jours plus tard, l'auteur du reportage était arrêté pour fabrication de fausses nouvelles. A force de voir qu'on s'en prend à la presse, la population ne sait plus à quel saint se vouer quand il s'agit de vrai ou de faux.
Chen Yan(Paris)
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