mardi 13 janvier 2009

Les exportations de la Chine se replient, ses importations plongent - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20341 - International, mercredi, 14 janvier 2009, p. 7

Souffrant du ralentissement de la demande en Europe et aux Etats-Unis, les entreprises chinoises ont exporté, le mois dernier, 111,2 milliards de dollars de marchandises, soit 2,8 % de moins qu'en décembre 2007.

Si elle a fait souffrir les exportateurs, la hausse du yuan a, au contraire, fait baisser la facture des importations chinoises.

Terry Guo en est convaincu : « Le pire est encore à venir ». Constatant la baisse brutale de la demande occidentale pour ses produits, le PDG du groupe taïwanais Hon Hai Precision, le plus grand sous-traitant mondial d'électronique qui fabrique notamment les iPod d'Apple et des téléphones pour Nokia, vient de confirmer qu'il allait devoir licencier 50.000 de ses 650.000 employés, essentiellement basés dans des usines géantes sur la côte est de la Chine. D'autres plans sociaux sont attendus dans les jours qui viennent dans le sud du pays, qui a reconnu, hier, qu'il avait enregistré, sur le mois de décembre, la plus forte chute de ses exportations jamais enregistrée depuis 1999.

Mauvaise performance

Selon les statistiques des Douanes, les entreprises chinoises ont exporté, le mois dernier, 111,2 milliards de dollars de marchandises, soit 2,8 % de moins qu'en décembre 2007. En novembre, le recul des exportations - la première baisse en sept ans - avait déjà été mesuré à 2,2 % en glissement annuel. Très dynamique au cours des premiers trimestres de 2008, la croissance des exportations a tout de même atteint 17,2 % - pour un montant total de 1.430 milliards de dollars - sur l'ensemble de l'année. « En 2009, cette croissance des exportations pourrait s'avérer nulle », prévient toutefois, dans une étude, Jing Ulrich, de JP Morgan, qui croit à de très mauvaises performances en début d'année.

Affectées par le ralentissement en Europe et aux Etats-Unis, leurs deux principaux marchés, les entreprises chinoises souffrent aussi de l'appréciation du yuan face au dollar, qui sert de monnaie de référence dans la plupart des contrats négociés dans le pays. La devise chinoise a ainsi gagné 6,6 % sur le billet vert au cours du premier semestre de 2008 avant de progresser de 0,5 % sur les six mois suivants. Ce léger rythme d'appréciation devrait être maintenu dans les prochains mois par Pékin, qui a exclu toute dépréciation brutale de sa monnaie mais ne veut pas renchérir trop lourdement le coût des produits « made in China ».

Nouvelles mesures de soutien

Si elle a fait souffrir les exportateurs, la hausse du yuan a, au contraire, fait baisser la facture des importations chinoises. Associée à la chute du prix de nombreuses matières premières, cette appréciation de la devise locale a entraîné une forte contraction des importations sur la fin de l'année. En décembre, le pays a ainsi importé pour « seulement » 72,2 milliards de dollars de marchandises, soit 21,3 % de moins qu'en décembre 2007. Hier, Sherman Chan, une économiste de Moddy's Economy.com, rappelait que cette baisse des importations signifiait également une baisse accélérée des exportations à court terme. De nombreuses importations chinoises sont, en effet, constituées de composants ou de matériaux bruts utilisés dans l'assemblage de produits finis ensuite destinés à l'export. « La production industrielle et les exportations s'affaibliront significativement lors des premiers mois de 2009 » avant que les premiers effets du plan de relance ne se fassent sentir, assure l'analyste.

Pour redynamiser l'économie et prévenir toute poussée de la grogne sociale dans un pays habitué depuis des années à un rythme de croissance supérieur à 10 %, les autorités communistes ont déjà annoncé un plan de relance budgétaire de 4.000 milliards de yuans (455 milliards d'euros), abaissé les taxes à l'export de plusieurs industries et encouragé les banques publiques à se montrer plus généreuses en crédits. En visite, dans la province industrielle du Jiangsu, le Premier ministre Wen Jiabao, qui espère toujours voir le PIB chinois progresser de 9 % sur 2009, a indiqué, dimanche dernier, que le gouvernement préparait de nouvelles mesures de soutien, notamment aux constructeurs automobiles et aux sidérurgistes.

YANN ROUSSEAU

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