Quelques mois seulement après avoir célébré le réchauffement de leurs relations diplomatiques, Pékin et Tokyo ont ravivé, hier, leur vieille dispute en mer de Chine orientale. Le gouvernement japonais a officiellement protesté contre la décision des autorités chinoises de laisser ses groupes pétroliers poursuivre l'exploitation d'un gisement gazier situé en pleine mer dans une zone sur laquelle les deux pays revendiquent leur souveraineté. « Le gouvernement regrette que la Chine ait entrepris unilatéralement d'exploiter ce gisement. Nous devrons prendre des mesures appropriées en cas de nouveaux développements », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Takeo Kawamura. Cette affaire est « extrêmement regrettable », a insisté Hirofumi Nakasone, le ministre japonais des Affaires étrangères, confirmant ainsi des articles de presse affirmant que le groupe chinois CNOOC travaille toujours activement sur le champ Tianwaitian - que les Japonais nomment le champ « Kashi »-, dans lequel il puiserait déjà 500.000 mètres cubes de gaz par jour.
Depuis plus de quinze ans, les deux pays enchaînent les négociations pour s'entendre sur leurs frontières maritimes et sur l'avenir de quatre vastes gisements de gaz naturel situés dans la zone disputée. Grands importateurs de brut et de gaz naturel, les deux pays espèrent pouvoir s'approprier une large partie des réserves sous-marines qui abriteraient, au minimum, l'équivalent de 92 millions de barils de pétrole.
En juin 2008, Pékin et Tokyo avaient accepté, pour la première fois, une « exploitation conjointe », par des entreprises des deux pays, de l'un de ces champs - le champ baptisé « Chunxiao » par les Chinois et « Shirakaba » par les Japonais. Ils avaient aussi proposé de lancer ensemble des études de prospection sur un autre champ et de poursuivre les négociations sur le statut de Tianwaitian.
Forages initiés dès début 2007
Pour Tokyo, ces pourparlers impliquaient une suspension des travaux dans la zone. Pékin estime au contraire que la poursuite des discussions l'autorise à continuer les forages initiés dès début 2007 par CNOOC. « Les activités de développement du gisement de gaz se déroulent conformément aux droits inhérents à la souveraineté de la Chine », explique le ministère chinois des Affaires étrangères, avant d'ajouter que le gisement se trouve dans ses « eaux territoriales incontestées ».
Potentiellement explosive, cette dispute risque de s'éterniser. La Chine affirme que sa revendication recouvre légalement une ligne parallèle à son plateau continental quand le Japon avance, lui, que la frontière doit être tracée le long d'une ligne médiane entre les côtes des deux pays.
Y. R.
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