Dans son rapport annuel sur les risques, le World Economic Forum annonce que 2009 sera une année dangereuse.
2009 sera une année plus dangereuse que 2008, que ce soit en termes d'économie, de géopolitique ou d'environnement. Le World Economic Forum, l'instance qui organise le forum de Davos, a tiré la sonnette d'alarme hier dans son rapport annuel sur les risques. L'organisation identifie quatre dangers majeurs: un fort ralentissement de la croissance chinoise, le dérapage des finances publiques, un possible écroulement d'une classe d'actifs et l'absence de réponse adéquate des gouvernements face au réchauffement de la planète.
Le rapport, sorte de préambule aux discussions de Davos dans dix jours (du 28 janvier au 1er février), peint une image relativement pessimiste du monde. «Il y a plus de signaux au rouge et moins à l'orange: les risques se sont aggravés», explique Daniel Hofmann, chef économiste de Zurich Financial Services, coauteur du rapport.
Il s'inquiète particulièrement d'un brusque coup de frein de l'économie chinoise, qu'il définit comme une croissance en dessous de 6%. «Cela endommagerait significativement l'économie mondiale déjà affaiblie.» Certes, la Banque mondiale table sur 7,5% de croissance, mais «un atterrissage brutal semble de plus en plus probable, même si on sait que Pékin fera tout pour éviter cela», estime Daniel Hofmann.
Selon lui, le ralentissement chinois est le résultat logique de la récession occidentale, Etats-Unis en tête. «Les principales conséquences seront senties par la population locale chinoise, précise Daniel Hofmann, mais en tant que très important importateur de biens, la Chine aura aussi un sérieux impact sur le reste de l'économie internationale.»
Par ailleurs, le rapport avertit que l'année à venir verra l'économie réelle être touchée, contaminée par la crise financière «Les faillites vont se multiplier et cela reviendra dans un deuxième temps frapper le secteur financier.»
Des déficits risqués
Mais le WEF précise que la réponse des gouvernements, qui consiste à multiplier les plans de relance immédiats, porte en elle-même des risques de long terme. Les déficits de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l'Italie, de l'Espagne et de l'Australie sont particulièrement montrés du doigt, menaçant une «position fiscale déjà précaire». C'est très inquiétant alors que le vieillissement de la population va provoquer à terme une hausse du prix des services de santé et de retraite.
Signe des temps, le WEF se penche pour la première fois dans ce rapport sur le rôle des gouvernements face à la crise financière. Il souligne l'importance de la coordination internationale entre les différents régulateurs. Mais il s'inquiète du risque de vouloir trop en faire: «Un scénario extrême, mais plausible, est une régulation excessive qui augmenterait les coûts de transaction et de suivi des règles, mais qui serait inefficace lors de la prochaine crise.»
Enfin, moins surprenants mais tout aussi importants, les risques écologiques sont mis en avant. 2009 est une année jugée «cruciale» avec la conférence de Copenhague en décembre, pour trouver un accord pour succéder au Protocole de Kyoto. Mais le WEF s'inquiète aussi des difficultés d'accès à l'eau et à la terre, soulignant que certains hedge funds ont acheté les droits sur des glaciers en Scandinavie, preuve que l'eau devient «une classe d'actifs alternative». «Il ne faut pas perdre de vue les risques de long terme, avertit John Drzik, de MMC, autre auteur du rapport. Jusqu'à présent, nous nous sommes trop attachés au court terme.»
PHOTO - Klaus Schwab, président-fondateur du World Economic Forum, lors d'un discours à Dubaï, le 7 novembre 2008 / REUTERS
© 2009 Le Temps SA. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire