L'ancien premier ministre rentre de Chine, où il a emmené une délégation de jeunes élus (1), dans le cadre de sa fondation Prospective et Innovation.
Ces derniers prennent la parole à ses côtés sur les conditions, à leurs yeux, d'une amélioration des relations entre les deux pays.Lors de notre déplacement en Chine, nous avons rencontré en particulier le premier ministre Wen Jiabao : nous avons pu vérifier que les relations franco-chinoises traversent une période de turbulences. Les autorités chinoises ont insisté sur le caractère « excessif et flagrant » de la rencontre entre le président de la République française et le dalaï-lama, le 4 décembre 2008 en Pologne : cela constitue, selon eux, la source de nos difficultés diplomatiques.
Les Chinois attendent une initiative du président Sarkozy sur ce sujet, avant le sommet de Londres, le 2 avril prochain. Ce geste, ni excuse ni reproche, serait bienvenu pour redonner confiance sur le long terme aux deux parties, et retrouver le caractère d'excellence qui caractérisait les relations franco-chinoises. Plutôt que la dialectique stérile des reproches, nous proposons une réciprocité du respect.
Si la Chine se montre exigeante à l'égard de la France, c'est qu'elle n'appréhende pas la relation bilatérale sous le seul angle commercial, contrairement aux relations principalement mercantiles avec nos voisins. Nos liens sont d'abord politiques. Ils sont aussi anciens et stratégiques. Le général de Gaulle a été le premier chef d'État occidental à reconnaître la république populaire de Chine, le 27 janvier 1964 et à souhaiter qu'un dialogue fécond entre les deux peuples s'engage à la faveur des relations entre les deux États.
Le partenariat global stratégique voulu par le président Chirac, initié en 1997 et approfondi en 2004, a marqué la volonté de la France et de la Chine de discuter ensemble des grandes questions qui déterminent l'avenir du monde : volonté de promouvoir un monde multipolaire, rôle central du Conseil de sécurité des Nations unies où la France et la Chine adoptent souvent des positions communes, lutte contre la prolifération, fixation de règles du commerce international, développement durable...
La Chine considère que la France, pays « ami », a manifesté une forme d'ingérence dans ses affaires intérieures. En effet, l'opinion publique chinoise, dont la réalité est incontestable, voit dans le dalaï-lama un chef politique à la tête d'un gouvernement en exil, revendiquant l'autonomie du quart du territoire chinois et tenant d'un régime théocratique.
Dans un contexte d'incertitudes lié à la crise économique et financière internationales et à la mise en place d'une nouvelle Administration américaine, il est probable que la Chine se montrera intransigeante vis-à-vis de tout événement portant atteinte à sa stabilité et à sa souveraineté.
Durant cette semaine en Chine, nous avons eu l'occasion, après Pékin, de nous rendre dans le Hunan et dans le Guangdong et d'y rencontrer les dirigeants politiques et les décideurs économiques. Nous y avons rencontré un accueil des plus chaleureux et senti une volonté de mener à bien, ensemble, de multiples projets mettant en valeur les savoir-faire français. Raison de plus pour prendre au sérieux, et avec une certaine gravité les deux avertissements récents donnés par les autorités chinoises : le report du sommet Europe-Chine qui devait se tenir décembre dernier, le tour de la France effectué à l'extérieur des frontières françaises par Wen Jiabao, à la fin du mois de janvier.
La préoccupation actuelle des Chinois semble être d'évaluer si un revirement de la politique étrangère française à leur égard est en cours après une continuité de quarante-cinq ans. En effet, malgré la réaffirmation par le président de la République du respect, par la France, des principes de souveraineté et de laïcité, certaines images ont fait douter. Nous avons rappelé au premier ministre, à l'Assemblée nationale populaire et au ministère des Affaires étrangères que le président Sarkozy accordait une importance singulière et stratégique aux relations franco-chinoises, comme en témoignent ses trois visites dans le pays au cours de ses 18 premiers mois de mandat.
Le travail de clarification est désormais amorcé. Il est nécessaire de le mener à bien afin de retrouver confiance et constance dans nos rapports bilatéraux.
(1) Marc Laffineur, vice-président de l'Assemblée nationale, Jean-Claude Carle, sénateur de Haute-Savoie, Philippe Dallier, sénateur de Seine-Saint-Denis, Françoise Guégot, député de Seine-Maritime, Jacqueline Irlès, député des Pyrénées-Orientales, Antoine Lefèvre, sénateur de l'Aisne, Philippe Paul, sénateur du Finistère, Valérie Rosso-Debord, député de Meurthe-et-Moselle
PHOTO - Source : http://www.carnetjpr.com/ Blog de Jean-Pierre Raffarin
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