Le « contrat du siècle » ; « un plan Marshall que d'autres ont toujours refusé à l'Afrique et que les Chinois sont aujourd'hui capables de réaliser seuls » : l'accord de troc « mines contre infrastructures », conclu entre la RDC et la Chine en septembre 2007, augure-t-il un nouvel ordre économique pour le Congo ? Sa nature et son ampleur inquiètent en tout cas les investisseurs occidentaux qui n'hésitent pas à accuser les Chinois d'agir dans l'ignorance des règles régissant les rapports internationaux et à faire fi du respect des droits de l'homme.
D'une valeur de 9 milliards de dollars, l'accord prêt prévoit la construction de quelque 5.000 kilomètres de routes, 5.000 logements, 4 universités, 32 hôpitaux et 145 centres de santé. En échange, les Chinois pourront produire, durant une période de 30 ans, 8 millions de tonnes de cuivre, 200.000 tonnes de cobalt et 372 tonnes d'or. Les entreprises chinoises, qui ont la possibilité d'importer matériels et technologies, bénéficient d'incitants fiscaux et d'exonérations tarifaires et douanières durant le temps de leurs activités. L'opposition congolaise a dénoncé ce « contrat léonin » qui servirait surtout les intérêts immédiats du président Kabila dans la perspective de la prochaine élection présidentielle (2011).
Du côté du Fonds monétaire international (FMI), on s'inquiète plutôt de l'alourdissement de la dette extérieure de la RDC, qui s'élève à 11,5 milliards de dollars, tout en soulignant les « risques de corruption et de non-transparence ». Le FMI a par ailleurs demandé une révision du contrat.
Les investisseurs occidentaux, eux, s'inquiètent de cette nouvelle concurrence, comme le confirme l'attaché économique et commercial à l'ambassade de Belgique à Kinshasa, Jérôme Roux. Il estime cependant qu'« il y a de la place pour tout le monde. Il y a tellement de choses à faire ici ». Qui plus est, au Congo, « la Belgique est synonyme de qualité et de développement durable, ce qui n'est pas nécessairement le cas de la Chine ». Aux Belges, aussi, selon lui, à « accepter la compétitivité sans se retrancher derrière des propos xénophobes ».
En attendant, les premières réalisations tardent à se concrétiser, même si, dans le quartier des ambassades de Kinshasa, on a bien noté quelques coulées de macadam orchestrées par les Chinois.
Plus loin, la population s'impatiente, s'inquiétant de les voir prendre ses « petits boulots » plutôt que de réaliser les chantiers annoncés.
© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2009
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