Les droits de l'homme en Chine devront attendre des jours meilleurs... La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui a bouclé, dimanche 22 février, sa tournée asiatique par une visite de trois jours à Pékin, a choisi de mettre l'accent sur les nécessités d'une coopération et d'un dialogue plus étroit avec la Chine, tout en écartant les sujets de confrontation.
Vendredi, Mme Clinton avait indiqué aux journalistes durant son escale coréenne que, même si les droits de l'homme restaient une " préoccupation " américaine, " nos pressions en la matière ne peuvent occulter les questions de la crise financière globale, du changement climatique et de la sécurité ".
A l'issue de ses rencontres avec le président Hu Jintao, le premier ministre Wen Jiabao et le ministre des affaires étrangères Yang Jiechi, Hillary Clinton s'est félicitée de ce que ses homologues chinois lui aient donné l'assurance que la République populaire continuera à acheter des bons du Trésor américain - la Chine en possédait pour plus de 693 billions de dollars en décembre 2008 -, une promesse qui contribuera à soutenir le plan Obama de relance de l'économie.
" DÉFIS GLOBAUX "
Mme Clinton a mis l'accent sur le caractère de dépendance mutuelle de la relation sino-américaine, prévenant qu'en matière économique " nous réussirons ou échouerons ensemble "... A propos du réchauffement climatique, dossier de friction potentielle entre les deux champions mondiaux en matière d'émissions de gaz à effet de serre, elle a estimé que Washington et Pékin avaient " un intérêt mutuel " à ce qu'un accord soit trouvé lors du sommet de Copenhague, en décembre 2008.
De son côté, le président Hu Jintao a souligné qu'il était encore " plus important que n'importe quand dans le passé d'approfondir et de développer la relation entre la Chine et les Etats-Unis, compte tenu de l'extension de la crise financière et de l'intensification des défis globaux ".
Peu après sa nomination, Mme Clinton avait prévenu qu'elle voulait instaurer avec Pékin un dialogue " global " et élargir le cadre d'une relation trop centrée sur les questions économiques durant l'administration précédente.
Les déclarations de l'ancienne First Lady, qui ne s'était jadis pas privée en tant qu'épouse de Bill Clinton d'égratigner la Chine sur les droits de l'homme, avaient pu faire penser qu'elle adopterait une position plus ferme sur ce sujet. Elle avait notamment déclaré que les Tibétains avaient le droit de pratiquer leur religion sans être persécutés. La secrétaire d'Etat avait cependant tenu à exprimer son souhait de rompre avec l'attitude de l'administration Bush qui voyait la Chine plus comme un rival qu'un partenaire, en dépit de la bonne relation sino-américaine à la fin du mandat de George Bush. " Nous croyons que la Chine et les Etats-Unis bénéficient mutuellement et contribuent à leurs réussites respectives ", avait-elle assuré.
La tonalité positive de cette première rencontre à haut niveau entre Chinois et Américains ne peut certes pas masquer la potentialité des désaccords à venir. Même si Mme Clinton et ses interlocuteurs sont tombés d'accord pour conjurer les effets néfastes de toute décision de type protectionniste, les Chinois continuent de percevoir les Etats-Unis comme un partenaire avec lequel Pékin est engagé sur un mode compétitif.
" L'Amérique a besoin de notre argent, analyse Shi Yinhong, professeur de relations internationales à l'Université du peuple de Pékin. Parce que l'économie chinoise pèse de plus en plus lourd, les Etats-Unis ne peuvent se permettre une guerre commerciale avec nous. La relation sino-américaine est plus importante que jamais pour eux car, désormais, ils ont réalisé que nous dépendons moins des Américains qu'ils ne dépendent de nous. "
Bruno Philip
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