mardi 17 mars 2009

La Chine a perdu 80 milliards dans la crise - Julie Desne

Le Figaro, no. 20102 - Le Figaro Économie, mardi, 17 mars 2009, p. 19
ASIE L'administration en charge des réserves publiques de change aurait perdu 50 % sur les marchés boursiers.

AVEC la crise, la Chine voit filer les dollars entre ses doigts. Peu aguerri au jeu financier mondial, Pékin aurait fait des investissements très hasardeux en Bourse à travers la State Administration of Foreign Exchange (Safe), gestionnaire des colossales réserves de change du pays, qui s'élèvent à près de 2000 milliards de dollars. Une imprudence qui pourrait coûter à la République populaire près de 80 milliards de dollars. C'est du moins l'avis de Brad Setser, du centre de recherche américain Council on Foreign Relations.

Entre juin 2007 et juin 2008, la Chine aurait multiplié par trois ses investissements en actions américaines, dans un effort de diversification. Sur son blog, l'économiste new-yorkais estime à 10 % les placements à risques de la Safe et évalue ses pertes à près de 50 % de ces investissements. Mais les experts doivent se contenter de jouer aux devinettes. Le secret reste complet autour de la gestion des dollars de la Safe, qui assurait encore le mois dernier que tous ses actifs étaient en sécurité. Malgré la diversification des placements, les bons du Trésor gardent la préférence des dirigeants chinois pour placer leurs réserves de change. Pékin reste d'ailleurs très attentif au devenir de ses avoirs aux États-Unis. Selon le Trésor américain, Pékin détient 727,4 milliards de dollars de bons du Trésor, ce qui fait de la Chine le premier créancier des États-Unis depuis septembre dernier.

Inquiétudes de Wen Jiabao

La semaine dernière, le premier ministre, Wen Jiabao, faisait part de ses inquiétudes quant à la sécurité de ces actifs chinois. Alors que Washington cherche à financer sa relance à 787 milliards de dollars, le président américain Barack Obama n'a pas tardé à répondre : « Je pense que non seulement le gouvernement chinois mais tous les investisseurs peuvent garder une confiance absolue dans la solidité des investissements aux États-Unis. »

Malgré tout, la Chine peine à faire son chemin d'apprenti financier. Dès l'automne, la China Investment Corporation (CIC), fonds souverain chinois, avait été montrée du doigt pour ses placements malheureux, dans le fonds Blackstone et la banque d'affaires Morgan Stanley.

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