Point n'est besoin pour la Chine de renforcer son plan de relance économique. Nombreux étaient ceux qui le souhaitaient pourtant. Jeudi 5 mars, le premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré, devant les 3 000 membres de l'Assemblée nationale populaire, que le programme de dépenses publiques s'en tiendrait aux 4 000 milliards de yuans (460 milliards d'euros) déjà annoncés. Il a réaffirmé que la croissance serait de 8 % en 2009. On peut l'approuver sur le premier point, mais pas vraiment sur le second.
Le grand plan de relance reste très flou. Les sommes seront principalement investies dans des infrastructures, mais aucun détail n'est donné quant aux modalités de leur versement ni de leur financement. La longue liste des projets proposés par les provinces pour prétendre à l'aide affiche un montant total de 18 000 milliards de yuans. Les arbitrages n'ont pas encore été réalisés.
Les statistiques officielles semblent pourtant indiquer que l'argent injecté dans l'économie commence déjà à stimuler l'industrie chinoise. Les commandes ont augmenté en janvier, notamment dans l'industrie lourde. Les prêts bancaires sont vivement repartis à la hausse. Deux phénomènes qui montrent que les mesures de relance produisent leurs effets.
La Chine aura les moyens d'une intervention supplémentaire si cela se révèle nécessaire. Le dispositif actuel laissera le déficit budgétaire à moins de 3 % du produit intérieur brut (PIB). C'est un chiffre élevé pour la Chine, mais plutôt modeste au regard de ce qui se passe dans les autres pays. La dette publique reste inférieure à 20 % du PIB, ce qui est peu. Et puis Pékin a toujours la possibilité de donner son aval à certains projets, tout en laissant le soin à leurs promoteurs de les financer autrement que par des fonds publics.
CIBLE SYMBOLIQUE
En revanche, annoncer une croissance de 8 % relève de l'utopie. Elle s'est élevée à 6,8 % au dernier trimestre 2008. Même si le gouvernement privilégie les projets où l'on est déjà prêt à donner le premier coup de pioche, il lui sera difficile de lancer les opérations à temps pour que la croissance dépasse 7,2 % en 2009, la performance prévue par les économistes.
En Chine, un adage veut que, si le taux de croissance passe sous les 8 %, les masses populaires commencent à gronder. Mais il ne vaut pas la peine de s'acharner à atteindre cette cible symbolique. Dans cette économie complexe, aucun chiffre n'a le pouvoir de contrôler l'agitation sociale. L'essentiel est d'occuper les 20 millions de travailleurs migrants qui parcourent le pays : les mesures de relance devraient y pourvoir.
M. Wen a en fait un objectif plus vaste : celui de continuer à améliorer le niveau de vie de la population. Qu'il fasse un usage judicieux des 4 000 milliards de yuans prévus et l'économie se stimulera elle-même.
Sur breakingviews.com
John Foley
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