Le Monde - mercredi 31 mars 2009
Serait-ce le signe annonciateur d'un début d'accalmie dans la tourmente qui balaie l'économie mondiale ? La Chine résiste à la crise. Le rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publié mardi 31 mars, souligne que, "depuis le début de 2009, certains signes donnent à penser que le pire a peut-être été atteint et que la reprise est en vue" en Chine, à laquelle l'OCDE prédit une croissance de +6,3 % en 2009.
Ces "signes" sont nombreux : sa demande a réussi à compenser en partie la forte baisse des exportations; sa production industrielle est repartie, et la Chine achète à nouveau des matières premières; les prêts bancaires s'y accélèrent; les Bourses sont en hausse de +26 % depuis le mois de novembre 2008 selon l'indice composite chinois.
Les raisons de cette résilience ? "La prospérité des ménages n'a été que modestement affectée par la chute du cours des actions, dans la mesure où plus des deux tiers de la valeur totale des titres sont entre les mains d'entités contrôlées par l'Etat", souligne le rapport. La valeur des logements a continué de croître. Le secteur bancaire local n'est pas exposé, comme son homologue occidental, aux actifs à haut risque, grâce à son contrôle des capitaux.
PESSIMISME
Cette lueur d'espoir n'empêche pas l'OCDE de demeurer pessimiste, car l'économie mondiale ne cesse de plonger, et l'économie des pays développés plus encore. Ses statistiques font apparaître une véritable dépression au quatrième trimestre 2008 (–7,1 %) et au premier trimestre 2009 (–7 %) chez les trente membres de l'Organisation.
Le ralentissement de la dégradation au cours des trois prochains trimestres (respectivement – 4 %, – 2,1 % et – 0,6 %) ne permettra pas à la zone OCDE de faire mieux qu'un recul de 4,3 % sur l'année entière, ce qui provoquera dans l'ensemble du monde un retrait de 2,75 %. "L'économie mondiale est en proie à sa récession la plus profonde et la plus synchronisée depuis des décennies", constate Klaus Schmidt-Hebbel, économiste en chef de l'OCDE, qui ne prévoit qu'une reprise lente à partir de 2010 (–0,1 % pour la seule OCDE en 2009 et +1,75 % pour l'économie mondiale), mais avec une marge d'incertitude très élevée.
Ces perspectives beaucoup plus sombres qu'en novembre 2008 s'expliquent par la concomitance de deux phénomènes. "Nous pensions que la crise financière s'apaiserait début 2009, or elle persiste, explique Jean-Luc Schneider, directeur adjoint des affaires économiques de l'OCDE. En effet, après la crise déclenchée par les subprimes, le secteur financier est affecté par un deuxième choc dû au ralentissement de l'économie. D'autre part, le commerce mondial s'est effondré depuis la fin 2008, et nous prévoyons son recul de 13,2 % pour l'ensemble de 2009."
L'OCDE applaudit les plans de relance mis en place presque partout pour amortir les effets dépressifs de la crise et créer des filets sociaux. Elle décerne un bon point aux Etats-Unis, dont le plan est à la fois le plus important et le mieux balancé entre baisses d'impôts et dépenses budgétaires.
L'Allemagne, le Canada, l'Australie, les Pays-Bas, la Suisse, la Corée ont les moyens de mieux faire, tout comme la France, mais "il faudra que ces efforts soient assortis d'indications claires sur la façon de rétablir les finances publiques après la crise, commente M. Schneider. Sinon, une épargne de précaution se constituera dans la perspective d'une hausse des impôts… et la reprise s'en trouvera compromise."
Alain Faujas
PHOTO - Fabrique de jeans, Guangzhou / REUTERS
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