Même si le pays reste difficile d'accès, de nombreux reportages ont déjà été tournés en République démocratique populaire de Corée. Encadrés par des guides locaux vigilants, les " touristes " ne peuvent que filmer des lieux soigneusement sélectionnés par leurs hôtes, notamment dans la capitale, Pyongyang, et au célèbre poste-frontière où soldats de l'Armée populaire et GI's se font face depuis 1953.
Dans Ne dites pas à ma mère que je suis en Corée du Nord, documentaire, déjà programmé sur Canal+ et que rediffuse Planète ce vendredi à 19 h 45, Diego Bunuel et son caméraman rapportent quelques images de la capitale, mais à l'intérêt limité. Rien de bien nouveau au pays du leader " bien aimé ", Kim Jong-il...
Proposé le même jour sur Canal+ dans le cadre du magazine " Spécial Investigation ", le reportage d'Alexandre Dereims sort, lui, vraiment du lot. Car le journaliste n'a pas choisi l'option voyage organisé et surveillé mais a préféré suivre à la trace des citoyens nord-coréens dans leur fuite vers la liberté.
UN DANGER PERMANENT
La frontière entre les deux Corées, truffée de mines et de miradors, étant infranchissable tout au long de ses 248 kilomètres, les candidats à la fuite qui rêvent de s'installer à Séoul doivent, pour y parvenir, effectuer un très long détour de plusieurs milliers de kilomètres. Le seul pays de la région acceptant de leur délivrer des visas pour la Corée du Sud étant la Thaïlande, l'objectif est de rejoindre Bangkok, via la Chine et le Laos.
Les épreuves subies par les malheureux fugitifs sont innombrables, et ce documentaire haletant permet de suivre à la trace, jour et nuit, à travers la jungle, les villes hostiles ou sous la menace des garde-frontières, plusieurs personnages attachants : le jeune Min Chul (10 ans) qui veut rejoindre sa mère vivant à Séoul et qu'il n'a pas vue depuis trois ans, Lin Park, grand-mère de 63 ans qui rêve d'Amérique ou Eun Hee, jeune femme de 23 ans.
C'est au péril de leur vie et dans des conditions nocturnes éprouvantes que les fugitifs quittent le territoire nord-coréen. En cas d'arrestation par les gardes-frontières chinois ou laotiens, c'est le retour direct en Corée du Nord où le pire (exécution ou camp de travail) est à venir. Ce passionnant documentaire permet de découvrir les habitudes des passeurs et certaines filières (dont celle d'une organisation de l'Église évangéliste basée à Séoul). Après dix jours d'un voyage incroyable, les fugitifs, épuisés, arriveront à Séoul. Une nouvelle vie commence.
Alain Constant
Alexandre Dereims. (France, 2009, 52 min). Le 20 mars à 22h40, sur Canal +
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