L'époque où la Chine, tout à son développement économique, se faisait discrète sur la scène internationale et laissait la vedette aux autres grandes puissances est révolue. A la veille du G20, les responsables chinois multiplient les appels aux réformes. Désormais, Pékin ne se contente plus d'agir, mais s'exprime haut et fort. Bien au-delà des frontières de la Chine, et dans tous les domaines.
Les exemples abondent depuis trois mois, à commencer par la tournée diplomatique des trois premiers personnages de l'Etat, le président Hu Jintao, le premier ministre, Wen Jiabao, et le vice-président, Xi Jinping, de l'Afrique à l'Amérique latine en passant par l'Europe. Tout récemment, M. Wen s'est publiquement inquiété de la sécurité des avoirs chinois aux Etats-Unis, quelques jours avant que le gouverneur de la banque centrale chinoise ne remette en cause la suprématie du dollar dans le système financier international.
De même, la Chine a sommé les pays riches de balayer devant leur porte avant la réunion de Copenhague - prévue pour décembre - sur le changement climatique. Elle a rejeté une offre publique d'achat (OPA) de Coca-Cola sur un groupe local de boissons fruitées, tandis que Chinalco maintenait son OPA sur la société minière australienne Rio Tinto et que les entreprises chinoises se lançaient dans une grande campagne d'acquisitions à l'étranger. La Chine a augmenté de 15 % le budget de la défense, répété aux Japonais qu'elle ne pouvait éternellement rester sans porte-avions et accusé un navire américain de surveillance d'avoir pénétré illégalement dans les eaux chinoises.
Bref, Pékin veut faire entendre sa voix et le fait avec une assurance nouvelle. Plus présents dans les opérations de maintien de paix de l'ONU, les Chinois déploient aussi les instruments classiques de la séduction, créant des médias pour les audiences internationales, multipliant les instituts Confucius à l'ombre de ses ambassades, finançant des instituts de recherche étrangers, s'appuyant sur sa diaspora.
Américains et Européens doivent s'adapter à cette réalité, ainsi qu'à la réalité intérieure chinoise, plus nuancée qu'on ne le croit. En dépit des pressions occidentales, la répression reste la règle face à l'opposition ouverte, en particulier au Tibet et au Xinjiang. En même temps, chaque jour, la société civile chinoise force la création d'espaces de liberté, qui doivent être soutenus. Cette dualité met les gouvernements démocratiques en porte-à-faux : comment aider les uns sans sacrifier les autres ?
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1 commentaires:
Je ne sais plus si ce sont les grandes manœuvres qui font les évènements majeurs ou l’inverse ?
Le spectacle qui va être donné dans les jours à venir est à mi-chemin entre la frape préventive communautairement individuelle et la désertion responsable votée à l’unanimité des participants.
Le paradoxe du consensus réside dans le fait d’offrir un visage universel à une infinité de particularismes territoriaux, tout en prêchant pour sa chapelle tout en stipulant que l’on connaît encore les rudiments de la guerre sainte.
Quand les mêmes personnes multifonction prétendent et claironnent régler toutes les crises, on peut se dire qu’il n’y a pas un problème de maladie, mais de diagnostic.
La suite ici :
http://souklaye.wordpress.com/2009/04/01/bloc-note-le-bal-des-seconds-couteaux/
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