Les organisateurs de l'exposition Universelle de Shanghai ont eu l'excellente idée de faire peindre les sièges des tribunes du circuit de F1 qui accueille dimanche le Grand Prix de Chine aux couleurs de leur manifestation. Comme aucun spectateur, ou presque, ne vient y poser son auguste séant, les caméras relaient le message sur les écrans du monde entier. Car il faut bien se rendre à l'évidence, la manche chinoise du championnat du monde de Formule 1 est un flop total. Bien sûr, dimanche, pour la troisième course de la saison, il y aura quand même des spectateurs payants auxquels se joindront quelques milliers d'invités, mais cette sixième édition de la course, comme les précédentes ne devrait pas faire recette et afficher un lourd déficit.
Coûteux. Pire, ce Grand Prix de Chine pourrait bien être le dernier, les organisateurs n'étant pas chauds pour renouveler le coûteux contrat, venant à expiration en cette année, avec la Formula One Management (FOM) de Bernie Ecclestone, malgré les 325 millions investis dans le circuit et ses installations monumentales. Si plus de 13 000 Chinois deviennent quotidiennement propriétaires d'un véhicule (5 millions de voitures ont été vendues en Chine en 2008), induisant une croissance à deux chiffres de l'industrie automobile, le sport auto est encore loin de faire partie de la culture du pays même si toutes les épreuves du championnat de F1 sont retransmises en direct sur une des chaînes publiques. Pour retenir l'attention du (très) grand public, il faudrait sans doute qu'un pilote du cru accède au sommet de la pyramide.
En regard de l'importance de la population chinoise, les candidats ne sont pas si nombreux; et l'éventualité d'en voir un prétendre bientôt à un baquet de Formule 1 voisine le zéro. De Jiang Tengyi, Marchy Lee, Cong Fu Cheng et Ho-Ping Tung, les quatre espoirs recensés à la fin de l'année 2004 lors du Grand Prix de Chine inaugural, les deux premiers ont quasiment disparu de la circulation. A respectivement 24 et 26 ans, les deux derniers sont membres de l'équipe chinoise engagée dans le championnat A1 GP qui fait courir des monoplaces aux couleurs nationales et dont les performances sont très proches des Formule 1. Si Cong Fu Cheng a été le premier pilote chinois a participé aux 24 heures du Mans l'année dernière, Ho-Ping Tung, qui possède également la nationalité néerlandaise, présente un palmarès plus étoffé. Mais il n'a pour l'instant pas encore impressionné les patrons d'écurie. Il fut le premier Chinois à essayer une F1, une BMW-Sauber, en récompense de sa victoire dans le championnat d'Asie en Formula BMW, en 2003. Depuis, ce jeune homme né aux Pays-Bas n'a pas connu l'ascension que les potentiels sponsors chinois espéraient.
Intérêt.Ho-Ping Tung reste persuadé que de nombreuses sociétés n'attendent que le recrutement d'un pilote chinois pour manifester leur intérêt pour la F1. «Aujourd'hui, nous ne sommes que deux pilotes à pouvoir prétendre arriver en F1. La situation économique est délicate, même pour l'industrie chinoise, mais je sais que le marché de mon pays intéresse de nombreuses sociétés en Europe. C'est ce qui me laisse penser que je peux concrétiser les quelques contacts que je possède en F1.» Un horloger suisse, qui est toujours le sponsor de Michael Schumacher, a d'ailleurs choisi le jeune homme pour être l'un de ses ambassadeurs sportifs en Chine. Sans doute un peu optimistes, les responsables d'une société de management sportif basée au Luxembourg, qui soutiennent sa carrière, ne doutent pas de lui trouver une place dans le paddock des Grand Prix même s'il paraît évident que le produit «pilote chinois» est plus facile à vendre que le pilote tout court.
Pour l'instant, le principal fait d'arme de Ho-Ping Tung dans un championnat de haut niveau est en effet une deuxième place au Grand Prix de Monaco l'année dernière, en GP2, en ouverture du Grand Prix de F1. Sa fougue n'est toutefois pas encore un gage de résultat et ses récentes performances en A1 GP - une catégorie dans laquelle de plus en plus de pilotes d'excellents niveaux viennent entretenir leur réputation - ne plaident pas pour lui. Pour répondre à toute éventualité, Ho-Ping Tung consacre l'essentiel de son temps entre les courses à parfaire sa condition physique dans un centre d'entraînement spécialisé en Autriche. Mais même lui concède que la Chine n'est pas près de dénicher la perle rare. La technopole dédiée à l'automobile qui devait voir le jour à proximité du circuit de Shanghai tarde à sortir de terre et le jeune Ho-Ping Tung regrette que son pays ne se soit pas encore doté d'un outil de détection et de formation pour repérer LE pilote chinois qui, volant en mains, pourra tenir la dragée haute aux cadors de la F1.
© 2009 SA Libération. Tous droits réservés.
1 commentaires:
...please where can I buy a unicorn?
Enregistrer un commentaire