En 2008, les trois plus grandes compagnies chinoises ont perdu près de 3,3 milliards d'euros. Elles tablent sur la forte reprise du trafic pressentie au premier trimestre et les aides du gouvernement pour les aider à rééquilibrer leurs comptes.
Les grandes promotions sont terminées dans les agences de voyages chinoises. Se livrant habituellement une concurrence farouche sur les trajets les plus populaires à l'intérieur du pays - Pékin-Shanghai notamment -, les compagnies aériennes publiques chinoises semblent avoir décidé de suspendre leur guerre des prix, afin de tenter de rééquilibrer leurs comptes en 2009 après une année 2008 catastrophique.
L'an dernier, les trois plus importantes compagnies du pays, qui viennent de publier leurs résultats, ont perdu au total près de 30 milliards de yuans, soit plus de 3,3 milliards d'euros. Si China Eastern, la plus fragile des grandes compagnies du pays, a annoncé une perte nette de 15,3 milliards de yuans (1,7 milliard d'euros) l'an dernier, les plus solides Air China et China Southern ont, elles aussi, vu leurs comptes plonger dans le rouge, emportés par la chute du nombre de passagers sur quelques destinations domestiques et surtout sur les vols internationaux.
Après avoir enregistré en 2007 un bénéfice net de 4,05 milliards de yuans, Air China a dévoilé sur l'exercice 2008 une perte nette de 9,3 milliards de yuans (1 milliard d'euros). Son chiffre d'affaires a progressé, mais ses coûts opérationnels ont grimpé de plus de 15 %, avec notamment un surcoût des carburants de 31,5 % en glissement annuel et 7,47 milliards de yuans de pertes sur des contrats de couverture sur carburants. Comme beaucoup de compagnies chinoises, Air China avait massivement parié, l'été dernier, sur une envolée continue du prix du baril de pétrole, qui s'est finalement écroulé de 70 % en moins de six mois.
Ayant appliqué une politique de couverture plus prudente - elle avait clôturé ses contrats de « hedging » en septembre -, China Southern, la plus grande compagnie du pays en nombre d'appareils, n'a enregistré l'an dernier qu'une perte nette de 4,8 milliards de yuans (529 millions d'euros), essentiellement liée au prix du carburant.
Multiples mesures de relance
Après avoir mesuré, malgré la crise, une progression de 2,3 % de son trafic passagers l'an dernier, elle espère pouvoir profiter cette année d'une reprise de l'économie chinoise et des multiples mesures de relance qui doivent, selon Pékin, redonner confiance à plusieurs industries et ainsi encourager les voyages à l'intérieur du territoire.
Au premier trimestre, China Southern a déjà vu son nombre de passagers progresser de 10 % quand Air China revendiquait, elle, une hausse de 14 %, en glissement annuel. « Personne ne s'attendait à un rebond aussi fort et intervenant aussi tôt », remarquait, vendredi, dans une interview à Reuters, Li Lie, un expert de China Securities. Comme beaucoup d'analystes, il estime que cette reprise du trafic va être soutenue au deuxième et troisième trimestres par les différentes périodes de congés, qui dopent traditionnellement les vols domestiques.
Pour accompagner ce mouvement et retrouver des comptes positifs en fin d'année, les trois grandes compagnies viennent également de demander des aides financières au gouvernement central, leur principal actionnaire. L'an dernier, China Eastern, qui reste dangereusement endetté, avait déjà reçu une injection de 7 milliards de yuans. China Southern avait, lui, touché 3 milliards de yuans.
YANN ROUSSEAU
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