Le laboratoire y investit à nouveau près de 100 millions d'euros.
LA CHINE s'apprête à bouleverser la carte du médicament. « Sixième acteur aujourd'hui, elle deviendra le troisième marché mondial pour la consommation de produits pharmaceutiques dès 2011 », a affirmé jeudi le cabinet IMS Health. Pour Sanofi-Aventis, dont Chris Viehbacher, le directeur général nommé en décembre, rencontrait cette semaine ses équipes en Chine, c'est plutôt une bonne nouvelle. À Pékin et à Shanghaï, Chris Viehbacher a annoncé une série d'investissements, en particulier dans le domaine du diabète, qui devient un fléau national en Chine avec près de 70 millions de malades.
Sanofi-Aventis dépensera 90 millions de dollars (68 millions d'euros) pour renforcer son usine de Pékin, qui fabriquera, à l'horizon 2012, 50 millions d'unités du dispositif antidiabète Lantus Solostar. En même temps, le laboratoire lance auprès de 46 000 patients, avec la Société chinoise de diabétologie, le « plus vaste projet au monde » d'analyse des facteurs génétiques de cette maladie. Enfin, Sanofi-Aventis consacrera 31 millions d'euros au déplacement et à l'agrandissement de son usine de Hangzhou, spécialisée dans la fabrication de médicaments contre l'hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, le syndrome coronarien aigu et le cancer.
« La Chine est un axe clé de développement pour le groupe », a expliqué lundi Chris Viehbacher aux centaines de salariés pékinois venus l'écouter au pied de la Grande Muraille malgré la pluie. Ce n'est déjà « plus un pays émergent » et pourtant tout est encore possible, s'est enthousiasmé le nouveau patron de Sanofi-Aventis.
Voué à devenir « un groupe totalement intégré » en Chine, le laboratoire français compte y accroître ses activités de recherche et développement, renforcer ses forces commerciales (2 500 visiteurs médicaux aujourd'hui) et racheter ou créer des partenariats avec quelques-uns des 4 000 laboratoires locaux. Numéro un mondial du vaccin, Sanofi-Aventis entend aussi profiter de son savoir-faire sur ce vaste marché. Le groupe a affecté en 2007 plus de 94 millions de dollars à la construction d'un site de production de vaccin contre la grippe saisonnière à Shenzhen.
Une réforme à 85 milliards
Sanofi-Aventis occupe aujourd'hui la quatrième place en Chine avec un chiffre d'affaires annuel d'environ 420 millions d'euros, dont près d'un tiers provient des ventes de l'anticoagulant Plavix. Le premier groupe pharmaceutique étranger à s'être installé dans l'empire du Milieu, en 1982, prend soin d'y soigner son image, écornée l'an dernier en raison des différends franco-chinois à propos du dalaï-lama et du Tibet. Très vite mobilisé en mai 2008 pour les victimes du tremblement de terre qui a dévasté une partie de la province du Sichuan, le labo a offert jeudi du matériel à l'hôpital de Zundao, reconstruit sur les lieux du sinistre, en abondant les dons réalisés par une partie de ses 3 300 salariés chinois.
Les enjeux sont immenses en Chine pour les grands laboratoires pharmaceutiques. Le gouvernement a annoncé en février son intention de consacrer d'ici 2011 850 milliards de yuans (85 milliards d'euros) à la réforme du système médical. La moitié de la somme sera consacrée au remboursement des soins et des médicaments, auxquels une grande partie de la population n'a pas encore accès. Encore ne s'agit-il là que d'une goutte d'eau dans l'univers des dépenses médicales chinoises. Financés à 80 % par les patients, les frais de santé enregistrent une croissance très forte, soutenue par une population de plus en plus riche et âgée.
PHOTO - Chris Viehbacher, directeur général du groupe pharmaceutique / Reuters
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