A une semaine du sommet du G20, la liste de courses de la Chine s'allonge. Au nombre des choses à ne pas oublier de faire, il y a « gagner en influence au FMI » (Fonds monétaire international). Lorsque les vingt chefs d'Etat seront réunis à Pittsburgh, aux Etats-Unis, les 24 et 25 septembre, Hu Jintao réclamera un rééquilibrage des pouvoirs au profit des pays en développement, et du sien en particulier.
La demande de M. Hu est légitime. Détenteurs de 17 % des droits de vote au FMI, les Etats-Unis eux-mêmes reconnaissent que les pays émergents méritent mieux que les 43 % de droits de vote qui leur sont alloués. L'Europe et l'Arabie saoudite sont surreprésentées. La Chine n'a que 3,7 % des votes, soit à peine plus de la moitié de sa part dans le produit intérieur brut mondial.
La Chine n'est pourtant pas dans les meilleurs termes avec le FMI. L'une des missions du Fonds est de gérer les risques qui affectent l'ensemble de la planète. Cela implique de tirer la sonnette d'alarme lorsque les facteurs de déséquilibre deviennent dangereux. Or, la faiblesse artificiellement entretenue du yuan et l'énorme excédent commercial chinois font partie de ces facteurs. Les flots de dollars répandus par Pékin ont contribué à alimenter la bulle financière.
En tant que créancier, la Chine a aussi un rapport de rivalité avec le FMI. Le pays a engagé plusieurs milliards sous forme de prêts et de contrats d'échange de monnaie accordés à des pays peu développés, comme le Kazakhstan ou Cuba. Contrairement au FMI, la Chine n'exige ni privatisations ni lutte anticorruption. Seul l'aménagement de solides circuits d'approvisionnement en matières premières l'intéressent.
Une devise alternative
Mais le FMI ne pourra pas prospérer tant que la Chine ne participera pas pleinement à ses orientations. La superpuissance émergente accorde beaucoup d'importance au prestige. En plaidant au nom de tous les pays en voie de développement, M. Hu fait figure de héros du monde émergent.
La requête chinoise est aussi probablement motivée par le problème que pose le dollar. Pékin pense à ses 2 000 milliards de dollars (1 360 milliards d'euros) de réserves en devises, et s'est déjà plaint du risque qu'il y avait à remplir son bas de laine de dollars.
A l'heure qu'il est, le FMI est le mieux placé pour fournir une devise alternative qui soit internationale sans être celle d'un pays en particulier. La Chine a récemment acheté pour 50 milliards de dollars d'obligations libellées en ce qu'on appelle les droits de tirage spéciaux (DTS). Le FMI se classe par ailleurs en troisième position mondiale pour ce qui est des réserves d'or, l'un des meilleurs moyens de se couvrir vis-à-vis du dollar. Vu sous cet angle, le noble plaidoyer citoyen de la Chine pourrait être en fait cacher un coup brillant pour saper l'influence des Etats-Unis.
John Foley
PHOTO - Dominique Strauss-Kahn, président du FMI / Reuters
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