mardi 15 septembre 2009

Quadrillage sécuritaire serré en Chine pour les 60 ans de la République populaire - Bruno Philip

Le Monde - International, mardi, 15 septembre 2009, p. 6

Après les troubles au Xinjiang, les autorités ont mis sur pied un dispositif encore plus important que celui en vigueur pendant les Jeux olympiques

L'approche des festivités du 1er octobre à Pékin, qui marqueront le 60e anniversaire de la création de la République populaire de Chine en 1949, donne déjà lieu à la mise en place d'un impressionnant déploiement destiné à assurer la sécurité et le bon déroulement de l'événement. Comme cela avait été le cas durant les Jeux olympiques, cet anniversaire - dont le régime entend faire une occasion de glorification nationale - démontre aussi à quel point ce genre de manifestation reflète l'obsession sécuritaire de Pékin.

Un an et demi après les émeutes tibétaines et peut-être, surtout, après les sanglants événements qui ont opposé depuis l'été dans le Xinjiang - province à majorité musulmane - les Ouïgours aux Hans, les autorités ne veulent prendre aucun risque et ont adopté des mesures d'exception. Depuis la fin de la semaine dernière, des policiers et des membres des unités de forces paramilitaires ont commencé des patrouilles nocturnes dans Pékin. Des patrouilles conjointes seront également organisées dans six provinces avoisinantes avant de créer autour de la capitale une « muraille » de sécurité, pour reprendre la formule officielle.

Outre la centaine de milliers de commandos qui devrait être déployée en ville, comme durant les Olympiades de 2008, la municipalité a fait appel à quelque 800 000 volontaires recrutés par les « comités de quartiers », ces derniers continuant de former un véritable « maillage » de surveillance et de contrôle dans l'immense métropole. Ces citoyens auront notamment pour tâche de signaler tout comportement suspect ou tout incident se produisant dans leur voisinage. Pour donner une idée de cette mobilisation, 32 000 réunions ont déjà été organisées avec ces volontaires en préparation de la grande parade militaire du 1er octobre.

Ce défilé organisé sur la grande avenue Chang An et qui remontera jusqu'à la place Tiananmen pour passer devant le portrait de Mao Zedong et les hauts dirigeants de la République, sera notamment l'occasion pour les experts militaires étrangers de découvrir un nouveau type de missile à longue portée qui n'a jamais encore été montré publiquement. L'aviation dévoilera également le « J 10 », dernier-né de l'aviation de chasse nationale que peu d'observateurs ont eu l'occasion de voir évoluer jusqu'à présent.

Autre mesure rappelant celles qui avaient été mises en place durant les JO - mais, dans l'ensemble, il semble que le dispositif soit encore plus sévère : l'établissement de checkpoints à l'entrée de la ville, ce qui permettra de contrôler les véhicules entrant dans Pékin. Le ministre de la sécurité publique, Meng Jianzhu, cité par la presse chinoise, a prévenu qu'il est important de « nous mettre en garde et d'écraser tout sabotage organisé par des forces hostiles ». Les journaux ont précisé que les policiers garderont un oeil particulièrement vigilant dans les quartiers où résident des « minorités » (Tibétains, Ouïgours).

Il est patent que les récents événements au Xinjiang ont conduit les autorités à renforcer encore un peu plus les contrôles auquel tout événement de ce type donne lieu en Chine. En fin de semaine dernière, plusieurs membres de la minorité ouïgoure ont été condamnés à de lourdes peines à la suite de mystérieuses attaques à la seringue perpétrées depuis une dizaine de jours dans Urumqi, la capitale de cette province du Nord-Ouest, peuplée majoritairement de Chinois de l'ethnie han. Ces attaques n'avaient cependant pas fait de victimes.

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