Les Echos, no. 20537 - International, vendredi, 23 octobre 2009, p. 7
Avec une croissance de 8,9 % en rythme annuel au troisième trimestre, après 7,9 % au deuxième, la Chine devrait dépasser sans mal 8 % pour l'ensemble de l'année. Il reste aux autorités à mener une politique économique plus équilibrée.
La Chine en est certaine : elle parviendra à 8 % de croissance cette année. Sur les neuf premiers mois de 2009, le produit intérieur brut (PIB) s'est en effet accru de 7,7 %, selon le Bureau national des statistiques (BNS). La machine chinoise s'est remise en marche et accélère la cadence, puisque la croissance a atteint 8,9 % en rythme annuel au troisième trimestre après 7,9 % au deuxième. Le gouvernement s'est félicité, la veille de la publication de ce chiffre, de ce que « la situation économique a été meilleure qu'attendu par rapport aux prévisions annoncées en début d'année ».
Bonnes performances
Tous les indicateurs sont au vert : la production industrielle a accéléré, augmentant de 12,4 % au troisième trimestre après 9,1 % au deuxième, un plus haut depuis quatorze mois. Les investissements en capital fixe affichent une hausse de 33,3 % en glissement annuel de janvier à septembre. Quant aux prix, ils restent plus que sages puisqu'ils sont en recul de 1,1 % entre janvier et septembre.
Mais, même avec ces bonnes performances, « les bases de la reprise ont toujours besoin d'être consolidées », a souligné le BNS. Car si l'économie chinoise s'est remise en marche après le ralentissement fin 2008 et début 2009, c'est grâce au plan de relance du gouvernement de 4.000 milliards de yuans (400 milliards d'euros) sur deux ans. Ce plan doit soutenir l'activité en dotant le pays de nouvelles infrastructures et en encourageant la consommation interne, afin de pallier la chute brutale des exportations vers les pays développés.
Cette reprise dépend donc avant tout des subsides gouvernementaux et d'une politique monétaire généreuse. Car « l'insuffisance de la demande étrangère est toujours sévère »,note le BNS. Même si le gouvernement prévoit désormais que les exportations devraient reprendre leur essor dans les prochains mois.
Plan de soutien
Même si cela se confirme, la Chine a besoin de rééquilibrer sa croissance et ne peut plus compter sur les seules exportations. Mais si le plan de soutien doit permettre à l'activité de rester encore soutenue en 2010, il est moins sûr que les ménages chinois prendront ensuite le relais, en tout cas rapidement.
Comme le souligne Qu Hongbin, économiste de HSBC, la prochaine étape pour le gouvernement sera de réorienter ses dépenses des projets de construction vers l'éducation et la santé. Il a du reste déjà commencé : un plan concernant la santé de 850 milliards de yuans sur trois ans a été mis en place. Mais, selon cet économiste, le gouvernement chinois « peut et doit doubler ses dépenses » dans ces secteurs.
Un autre obstacle pourrait se dresser sur la route de la reprise : différentes bulles spéculatives pourraient survenir. C'est en tout cas l'opinion de Qin Xiao, président de la China Merchants Bank, sixième banque chinoise, qui voudrait pousser les autorités à passer d'une « politique monétaire accommodante à une politique neutre ». Il est vrai que l'immobilier flambe en Chine, et que le crédit est distribué avec largesse. Pour l'heure, la Banque de Chine ne semble pas avoir l'intention de modifier sa politique. Les autorités cherchent en revanche à limiter les surcapacités de production en limitant les crédits à certains secteurs comme l'acier et normalisent progressivement la masse de crédits distribués. Mais, pour assister à un véritable changement de politique monétaire, il faudrait sans doute que l'on voie revenir les anticipations inflationnistes.
MARIE-LAURE CITTANOVA
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