mardi 20 octobre 2009

RETRANSCRIPTION AUDIO - 60 bougies du gâteau de Mao - Alexandre Adler

France culture - Chroniques internationales, 2 octobre 2009


tilidom.com

D'abord, mon ami François Godement l'a souligné dans le Figaro il y a deux jours, les anniversaires en "9" en Chine ne sont pas toujours très bons. On a tous à l'esprit évidemment 1989 et la répression de Tiananmen. 1979, c'était plutôt passé bien, mais 1969,
c'était l'apogée de la Révolution culturelle avec le Congès du Parti communiste qui marquait la montée de Lin Biao et pire encore 1959, c'était le Grand bon en avant, ce qui était en fait un Grand bon en arrière avec une famine qui couchait plus de 15 à 20 millions de paysans dans toute la Chine. Et donc, de ce point de vue là, on peut toucher du bois en Chine, puisqu'on est aussi superstitieux que nous et pensait que cette année 2009, elle au moins, sera préservée de ces mauvaises années en "9" et c'est vrai.

La Chine est la vedette aujourd'hui de l'économie mondiale, plus 8-8,5% de croissance sans doute dans une récession mondiale généralisée. C'est elle le moteur qui a fait repartir tout le monde. La Chine donne un sentiment de stabilité. Les relations avec Taïwan se sont enfin calmées et la Chine est courtisée par le monde entier, pas seulement pour ses performances économiques, mais pour le rôle politique majeur qu'elle est amenée à jouer au G20 déjà pour commencer et au Conseil de sécurité et un peu partout en réalité. Donc, c'est un bilan très satisfaisant pourtant, comme toujours, lorsque l'on est à une période d'apparente apogée, les nuages commencent malgré tout à se voir. Ces nuages ne sont peut-être pas l'annonce d'un orage catastrophique, mais peut-être de pluie bienfaisante, mais on voit maintenant depuis une bonne année que le climat d'unanimité qui régnait à la direction du Parti communiste chinois est derrière nous.

Bien sûr, va-t-on me dire : qu'est-ce que j'en sais ? Alors voilà. D'une part, il faut comprendre que le Parti communiste chinois n'a pas été une chambre d'enregistrement, mais un lieu de débats et d'affrontements continus dès la Révolution culturelle. C'est le seul lègue positif de Mao Zedong dans ce domaine, mais ensuite pendant tout le règne de Deng Xiaoping où quasiment de façon ouverte, les analyses différentes de la société chinoise se donnaient à lire. Et puis, après Tiananmen justement, et dans la période où finalement toute la contestation a été éteinte dans une immense appétence de richesse. Le Parti communiste a décidé de cesser ces luttes fractionnelles qui à un moment donné pouvait entraîner la population. On sait par exemple que c'est pour défendre soit disant Hu Yaobang et Zhao Ziyang que les étudiants étaient sortis à Tiananmen. Donc, unanimité : "Enrichissez-vous et ne pensez pas". Ce n'est plus possible.

Aujourd'hui, la succession de Hu Jintao qui se fait très constitutionnellement, le président de la Chine, voit s'affirmer deux idées différentes. L'une, donner la priorité à la croissance économique à tout prix et ceci, on va dire, c'est un peu une droite libérale choisissant l'ouverture, mais aussi le développement, la priorité aux riches et au contraire une espère de social-démocratie dont Hu Jintao est le chef avec le premier ministre Wen Jiabao et qui souhaite plus d'écologie, plus de redistribution et plus de pouvoir régional vers le centre du pays. Pour l'instant, cette querelle n'est pas tranchée. Oui, Hu Jintao a désigné son successeur, Li Ximing (sic.) qui est lui aussi un fils de grand dirigeant, on ne sait pas encore quelle sera son orientation.

Mais un homme apparaît très fort dans la droite libérale, c'est le maire Chongqing, 30 millions d'habitants, Bo Xilai, fils lui aussi d'un grand compagnon de Mao Zedong et de Deng, et qui a développé notamment une idée révolutionnaire : la réconciliation totale avec le Japon et la création d'un couple sino-japonais qui fait référence à la réconciliation franco-allemande. Moi, personnellement qui suis un turfiste fou - j'aurais dû être interdit des champs de courses depuis longtemps - mais je miserai quand même sur les chances de Bo Xilai. Il représente aujourd'hui les tendances les plus fortes qui sont à l'oeuvre dans le continent asiatique.

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