Au deuxième jour de sa visite officielle en Chine, le président américain s'entretient aujourd'hui avec son homologue, Hu Jintao. Il espère faire progresser plusieurs dossiers économiques - comme le problème de la sous-évaluation du yuan - et diplomatiques.
Pour séduire l'opinion publique chinoise, Barack Obama a tenté, hier à Shanghai, d'user des recettes qui ont fait son succès aux Etats-Unis. Habitués à des interventions politiques creuses ânonnées par des responsables figés dans des visages de cire, quelques jeunes étudiants de Shanghai, triés sur le volet par les autorités, ont découvert, hier matin, un président américain évoluant sur scène, tout sourire, sans fiche, et multipliant les traits d'humour et les remarques personnelles. La Maison-Blanche, qui avait longuement milité pour que le gouvernement chinois, d'abord très rétif, organise cet « échange direct » avec la population, espérait que la session serait l'occasion de célébrer l'ouverture d'une nouvelle période de coopération entre les deux capitales, telle qu'elle est théorisée par l'administration Obama.
Assurant que de bonnes relations bilatérales entre les deux pays pourraient apporter la « prospérité et la paix dans le monde », Barack Obama a expliqué aux étudiants que les Etats-Unis et la Chine n'avaient pas « à être des adver-saires ». « Nous ne cherchons pas à imposer un quelconque mode de gouvernance à qui que ce soit, mais nous ne pensons pas pour autant que les principes que nous défendons soient propres à notre nation », a insisté le président américain ,avant d'indiquer que les « libertés d'expression et de culte et l'accès à l'information » étaient, selon lui, « des droits universels » et qu'Internet devait pouvoir être utilisé sans être censuré.
Pas de pression étrangère
Si ces déclarations auront rassuré une partie du public américain et les organisations de défense des droits de l'homme, qui redoutaient de voir Barack Obama sacrifier, en Chine, la question des libertés individuelles pour faire progresser son agenda bilatéral, elles n'auront pas eu beaucoup de résonance dans le pays, où le régime avait décidé de ne pas retransmettre à la télévision le dialogue avec les étudiants chinois.
Tout en accueillant favorablement l'idée d'échanges plus apaisés avec Washington sur les grands dossiers économiques et diploma-
tiques, Pékin a rappelé, hier, qu'il n'accepterait aucune pression étrangère sur ses grands choix politiques et monétaires. Avant même que Barack Obama n'évoque ce matin avec Hu Jintao l'épineuse question de la sous-évaluation du yuan, le régime communiste a, par l'intermédiaire de son ministère du commerce, indiqué qu'il n'avait nullement l'intention d'accélérer l'appréciation de sa monnaie tant que sa croissance ne serait pas redevenue stable. S'attendant aussi à être aujourd'hui incitée à ouvrir plus ses marchés aux produits étrangers, le porte-parole du ministère a contre-attaqué en accusant les Etats-Unis d'avoir récemment accru leurs politiques protectionnistes.
YANN ROUSSEAU
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