Après l'économie, Pékin s'adonne de plus en plus à l'espionnage politique.
Les perquisitions menées la semaine dernière à Munich par le parquet fédéral allemand dans les appartements de quatre citoyens chinois ont révélé au grand public les activités d'espionnage de diplomates et agents chinois auprès des opposants au régime.
A Munich, ce sont les 600 membres de la communauté ouïgoure, la plus importante d'Europe, qui font l'objet d'un espionnage systématique de la part d'agents du gouvernement chinois. Mais, comme un coup de semonce et en signe de fermeté face à Pékin, la perquisition du parquet fédéral révèle l'agacement du gouvernement allemand face aux activités toujours plus intenses des espions chinois dans le domaine politique ou des droits de l'homme.
Les autorités allemandes soupçonnent le consulat chinois de Munich de piloter les agents en question et de rendre compte directement en Chine. Il y a deux ans, un diplomate résidant à Munich, Ji Wumin, avait été prié de quitter l'Allemagne après que la police allemande l'a surpris une douzaine de fois en train de rencontrer des agents chargés de surveiller la communauté ouïgoure.
Groupe ethnique turcophone de la région du Xinjiang, les Ouïgours en exil ont installé depuis 2004 leur «congrès mondial» dans la capitale bavaroise. La Chine accuse régulièrement leur organisation de pousser à la révolte leurs huit millions de compatriotes restés au pays.
«L'espionnage des Ouïgours n'est qu'une petite partie des activités d'espionnage de la Chine en Allemagne. Les agents chinois deviennent de plus en plus effrontés», dit un représentant du service de protection de la Constitution, le contre-espionnage allemand. Dans une brochure parue récemment, le service de protection de la Constitution exprime d'ailleurs son inquiétude face aux activités toujours plus offensives des services de renseignements chinois en matière politique et l'implication de diplomates dans de nouveaux réseaux.
Jusqu'à présent, les autorités allemandes se sont surtout inquiétées des activités illégales dans le secteur industriel. Mais depuis quelques années, l'espionnage politique inquiète Berlin. Il y a deux ans, plusieurs ministères allemands, mais aussi la Chancellerie fédérale, avaient subi des cyberattaques avec infiltration de virus-espions. L'agression venait probablement de sections spéciales de hackers formés au sein de l'armée.
L'année dernière, le contre-espionnage allemand a créé une section spéciale uniquement consacrée à la chasse aux espions chinois, mais jusqu'ici sans arrestation ou perquisition.
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