Treize ans de prison pour avoir géré un site Internet pornographique ! La justice chinoise n'y est pas allée de main morte pour mettre fin aux activités d'un certain Huang Yizhong, originaire de la province de Canton. M. Huang a été condamné, début février, par un tribunal local pour avoir téléchargé plus de mille films porno et mis en ligne 3 600 clips du même genre en utilisant un serveur hébergé à l'étranger.
Durant le procès, son avocat avait plaidé qu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer des conséquences sociales du délit, étant donné que son client utilisait un serveur américain et que ses " abonnés " étaient des adultes payant par carte de crédit. Le président du tribunal, interrogé par le quotidien de Canton Nan fang dushibao, a cependant estimé que la copie et la distribution de vidéos à caractère pornographique en Chine étaient un crime sérieux et justifiaient l'inhabituelle sévérité de la sentence.
La condamnation de Huang Yizhong tombe à un moment où les autorités de la République populaire ont lancé une vigoureuse campagne contre la pornographie sur Internet. Lundi 8 février, Le Quotidien du peuple, l'organe central du Parti communiste chinois, a annoncé que le début de l'année du Tigre, le 14 février, va coïncider avec une intensification de la répression contre les sites diffusant des images " obscènes ".
En 2009, quinze mille sites Internet de cet acabit ont été bloqués ou fermés dont onze mille accessibles par téléphone portable. En juin, le gouvernement avait tenté d'imposer un logiciel de contrôle des contenus Internet sur chaque ordinateur vendu en Chine. Les autorités avaient prudemment fait marche arrière devant la levée de boucliers que cette annonce avait suscitée.
Par ailleurs, selon Mao Xiaomao, vice-directeur de l'administration générale de la presse et des publications, sur les quelque 66 millions de publications illégales confisquées en 2009, 1,44 million étaient à caractère pornographique.
Le porte-parole de la Cour suprême, Sun Jungong, a pour sa part déclaré que les tribunaux chinois ont traité 1 273 affaires pour des crimes du même genre durant les dix premiers mois de 2009. Il a ajouté que la Cour suprême était en train de plancher sur l'interprétation juridique à donner sur les cas de messages pornographiques envoyés par texto sur les téléphones portables.
Textos bloqués
La chasse aux messages aurait-elle déjà commencé ? Selon le quotidien Huanqiu shibao (Global Times), un certain M. Zhang, originaire de Dongguan, dans la province du Guangdong (Canton), a récemment été empêché d'envoyer des textos par les télécoms chinoises parce qu'il avait adressé des messages " lubriques " par son téléphone portable.
Cet exemple a quelque peu ému l'opinion publique sur l'Internet, conduisant le plus important opérateur chinois, China Mobile, à faire une mise au point. Li Kang, directeur adjoint des services pour la clientèle, a tenu à préciser, fin janvier, que les usagers ne seront pas " affectés " par la lutte contre les messages porno et que " la liberté et l'intimité " des clients seraient garanties. Quelques jours auparavant, les branches shanghaiennes et pékinoises du même China Mobile avaient cependant annoncé que les textos transmettant des contenus " illégaux " seraient bloqués ou suspendus.
Bruno Philip (Pékin, correspondant)
© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire