vendredi 26 mars 2010

Barack Obama reprend son offensive diplomatique - Corine Lesnes

Le Monde - International, samedi, 27 mars 2010, p. 5

Fort de son succès intérieur sur la réforme de l'assurance santé, Barack Obama espère engranger dans les prochaines semaines plusieurs succès diplomatiques pour corriger l'impression d'impuissance qui s'est développée en Europe ou dans le monde arabe. " Il est impatient d'avoir des résultats ", explique le général Jim Jones, son conseiller à la sécurité nationale.

La première avancée devrait être annoncée vendredi 26 mars, à l'issue d'un coup de téléphone entre le président américain et son homologue russe, Dmitri Medvedev. Après des mois de tractations, les deux présidents devaient boucler l'accord sur le renouvellement du traité Start de 1991 sur la réduction des armes stratégiques. La fourchette de base pour les négociations prévoyait de ramener le nombre des têtes nucléaires détenues par chaque pays entre 1 500 et 1 675 et le nombre de vecteurs entre 500 et 1 100. Pour le général Jones, il s'agit d'un " début impressionnant " vers l'objectif fixé par Barack Obama de l'élimination de l'arme nucléaire.

La signature de l'accord devrait avoir lieu à Prague et coïncider, à quelques jours près, avec le premier anniversaire du discours sur le désarmement prononcé par le président américain le 5 avril 2009 dans la capitale tchèque. Dans la foulée, M. Obama a prévu de publier la révision de la doctrine nucléaire américaine, dans laquelle de nouvelles réductions pourraient être annoncées ainsi qu'une limitation des circonstances dans lesquelles l'emploi de l'arme atomique peut être envisagé. Il compte aussi sur le sommet sur la sécurité nucléaire, qui réunira 44 chefs d'Etat les 12 et 13 avril à Washington, pour donner une impression de dynamique dans le sens de la paix. Le général Jones prend lui-même l'exemple de la réforme de la santé. " Tout le monde disait : cela ne se fera jamais. Mais le président a pris des risques politiques. Il a pensé que c'était la bonne chose à faire. "

Sur le Proche-Orient et la tension née du refus du gouvernement israélien de geler les constructions à Jérusalem-Est, nombre d'analystes estiment que la Maison Blanche a " élargi sa marge de manoeuvre " en profitant de l'occasion pour afficher publiquement son désaccord avec Benyamin Nétanyahou, tout en écartant d'office toute réduction de l'aide militaire, ce qui serait vu comme une remise en question de l'engagement fondamental des Etats-Unis pour la sécurité d'Israël. La mise en scène autour de la visite à la Maison Blanche du premier ministre israélien a été obligeamment détaillée par le porte-parole de la Maison Blanche. Une manière de rétablir un équilibre à un moment ou l'envoyé spécial George Mitchell veut commencer les " négociations de proximité ".

Un fossé plus profond semble exister entre Washington et Jérusalem. Comme le dit le général Jones, certains voient l'Iran comme le problème fondamental dans la région, la crise israélo-palestinienne venant ensuite. " Ce n'est pas la philosophie de notre président, dit-il. Le processus de paix au Proche-Orient et les problèmes actuels avec l'Iran sont les deux faces d'une même pièce. "

La Maison Blanche espère que l'accord Start avec Moscou va déboucher sur un partenariat pour coopérer sur la non-prolifération. A l'ONU, elle semble également privilégier le consensus sur la rapidité. " Peut-être un membre de l'équipe pense que nous n'allons pas assez vite ou pas assez fort. Mais nous avançons comme un bloc. Sur l'Iran, c'est un gros bloc; ce ne sont pas seulement les quatre pays - Etats-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni - mais aussi une bonne partie du monde arabe, du golfe Persique ", précise le conseiller du président. L'administration fait preuve de patience avec les pays qui préfèrent poursuivre les ouvertures. " Mais en même temps, on leur dit : montrez-nous la preuve que l'Iran est désireux de modifier son comportement. "

Selon le général Jones, les Etats-Unis souhaitent voir la résolution en discussion à l'ONU adoptée en avril. Le processus est si laborieux que l'administration en vient à se féliciter que la Chine ait enfin participé à un niveau substantiel à la dernière conférence téléphonique des grandes puissances, mercredi 24 mars. Une délégation conjointe russe et chinoise s'est rendue à Téhéran pour insister sur l'offre d'enrichissement présentée par l'AIEA. Mais l'Iran aurait une nouvelle fois refusé. Les Chinois, qui sont par principe contre l'arme des sanctions, seraient maintenant sur une ligne moins rétive, estimant seulement que le moment n'est pas venu, indique-t-on de source diplomatique.

Corine Lesnes

US President Barack Obama walks to the Oval Office upon returning at the White House in Washington, DC, on March 25, 2010 from Iowa City, Iowa, where he delivered remarks on how health insurance reform will lower costs for small businesses and American families and give them more control over their health care.

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