Les gouvernements occidentaux ne vont pas manquer de pointer l'apparente progression des exportations chinoises enregistrée en février pour presser Pékin de réévaluer sa monnaie. Selon les statistiques des douanes, publiées hier, les exportations de marchandises « made in China » ont connu le mois dernier leur plus spectaculaire hausse mensuelle des trois dernières années en enregistrant un bond de 45,7 % sur un an. Les livraisons vers l'Union européenne, le Japon et les Etats-Unis ont retrouvé une certaine tenue et les ventes à l'étranger de textiles, de téléviseurs ou encore de cyclomoteurs ont explosé. « Le commerce chinois voit sa reprise se confirmer. Les exportateurs enregistrent de plus en plus de commandes », a résumé Zhu Jiafang, un analyste de Citic Securities. Comme lui, les experts rappellent que la hausse de février est d'autant plus remarquable qu'elle porte sur un mois « peu travaillé » dans le pays. En février, beaucoup d'usines ont en effet fermé leurs portes pendant une semaine pour laisser leurs ouvriers aller fêter en famille les congés du Nouvel An, qui étaient tombés l'an dernier au mois de janvier. « Avec cinq jours travaillés de moins par rapport à février 2009, les chiffres sont assez impressionnants », a insisté Brian Jackson de Royal Bank of Canada.
En théorie, cette reprise des ventes à l'étranger pourrait inciter Pékin à légèrement relâcher son contrôle sur sa devise dont la valeur reste arrimée à celle du dollar depuis le mois d'août 2008. Jusqu'ici, le gouvernement chinois a indiqué qu'il ne percevait pas de reprise solide de son commerce extérieur et refusait d'orchestrer une appréciation du yuan par rapport au dollar pour ne pas mettre en danger l'emploi des 100 millions de personnes travaillant pour l'export. « Cette forte performance va aider à apaiser les inquiétudes concernant l'impact négatif d'une appréciation de la monnaie », confirmait hier Jian Chang de Barclays Capital avant de remarquer que la poussée en février des importations - elles ont progressé de 44,7 % sur un an -plaidait, elle aussi, pour une réévaluation du yuan car elle rendrait meilleur marché les achats de matières premières et de composants à l'étranger.
Nouvelles données
Si elles n'ont pas fait de commentaires, hier, sur ces nouvelles données, les autorités ne vont pas manquer de souligner que cette hausse statistique des exportations en février reste à leurs yeux assez « artificielle » car elle se fait en comparaison avec les chiffres de février 2009, qui avaient été particulièrement catastrophiques. Hier, plusieurs experts notaient qu'en données corrigées des variations saisonnières, incluant notamment les jours de congés, les exportations avaient reculé de 2,2 % entre janvier et février. Le week-end dernier, le ministre chinois du Commerce Chen Deming avait déclaré, dans une intervention volontairement pessimiste, que le pays pourrait attendre trois ans pour voir ses exportations « rebondir à leur niveau de 2008 ».
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