mardi 4 mai 2010

Les Chinois sont prêts à monter à bord de jets privés - Julie Desné

Le Figaro, no. 20450 - Le Figaro Économie, lundi, 3 mai 2010, p. 26

Sous le cagnard méridional chinois, les avionneurs du monde entier se sont donné rendez-vous. Un « Hainan Rendez-Vous », du nom de la province chinoise et du salon pour millionnaires organisé pour la première fois sur l'île tropicale du sud de la Chine, devenue la destination touristique préférée des riches chinois dans leur pays.

Pour ce salon de trois jours organisé dans le Visun Royal Yacht-club de Sanya, la ville balnéaire de la grande île, les acteurs de l'aviation privée avaient rejoint les rangs des grands noms du luxe (de l'automobile à la joaillerie en passant par les chaussures) pour lancer une opération séduction à l'égard de 150 VIP triés sur le volet et 5 600 visiteurs fortunés.

Seulement 50 avions privés volent dans les airs chinois, contre 9 000 aux États-Unis, alors que la problématique des distances est la même. Les acteurs du secteur sont unanimes : le potentiel est colossal. « Il y a 600 clients potentiels pour des avions de type Falcon », estime Jérôme Desmazures, directeur des ventes pour Dassault Aviation en Asie du Nord, décidé à passer de 10 % à 30 % de parts de marché d'ici à cinq ans. « Les prévisions varient beaucoup. À l'horizon 2020, certains prédisent qu'il y aura 500 avions privés en Chine, d'autres 10 000. Je pense que ce sera plutôt de l'ordre de 2 000, ce qui est déjà énorme », détaille Steven Varsano, vendeur de jets basé à Los Angeles. Face aux promesses du marché, l'Américain passe depuis plusieurs mois un quart de son temps en Chine.

Assouplir la réglementation

Sur le tarmac de l'aéroport de Sanya, personne n'a manqué ce « Hainan Rendez-Vous ». Airbus, Dassault Aviation (le groupe Dassault est propriétaire du Figaro), Bombardier ou encore Gulfstream présentaient leurs appareils pour séduire cette clientèle fortunée. Bombardier, qui livrait par ailleurs un Learjet 60 XR et un Challenger 850 en mars, a vendu un avion sur place. Tous ont noué de précieux contacts.

En mars, le premier Falcon 7X a été livré sur le marché chinois et deux autres livraisons devraient suivre avant l'été. Entre 2005 - l'année de son implantation - et fin 2010, Dassault Aviation aura livré 10 appareils. De son côté, Airbus a vendu 20 jets en cinq ans. « Et on a encore l'impression d'être dans les starting-blocks », s'amuse François Chazelle, vice-président d'Airbus Corporate Jet. Pour l'instant basé à Dubaï, il n'exclut pas de s'installer à Pékin pour se rapprocher de la clientèle chinoise. Airbus espère accroître sa visibilité sur le marché local après le partenariat signé avec Deer Jet, filiale de Hainan Airlines.

Mais tout dépendra d'un assouplissement de la réglementation qui a jusqu'ici contrarié l'envol promis de l'aviation privée en Chine. Avec plus des deux tiers de son espace aérien contrôlé par l'armée, l'empire du Milieu offre des routes limitées et les autorisations de voler prennent parfois une semaine à obtenir. Fin 2009, Pékin a décidé de ramener ce délai à quelques heures et trois jours. Ces assouplissements concernent avant tout les avions immatriculés en République populaire de Chine.

PHOTO - Chinese visitors pose for photo with a model of the ARJ21, the first civilian jet developed by China, at an aviation expo in Beijing 19 September 2007. China, the world's fastest growing aviation market, will need 3,400 new airplanes worth about 340 billion US dollars over the next 20 years, as strong growth in both passenger and cargo transport will nearly quadruple China's fleet to 4,460 planes by the end of 2026, making it the largest market outside the United States for new commercial aircraft

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