Stephen Green, le président de la banque britannique fondée à Hongkong en 1865, espère une cotation à Shanghaï en 2011 afin de financer son développement en Chine.
FINANCE Grand spécialiste de la Chine, Stephen Green est intervenu hier au colloque du Trésor sur la relation Europe-Chine.
LE FIGARO. - Avec un directeur général qui vient de déménager à Hongkong et un projet de cotation à Shanghaï, est-ce l'année du retour aux sources pour HSBC?
Stephen GREEN. - Cela fait maintenant quatre ans que nous avons engagé ce mouvement vers l'Asie, mais c'est vrai que le transfert du bureau de Michael Geoghegan à Hongkong, en début d'année, marque une étape significative.
Quand espérez-vous entrer à la Bourse de Shanghaï?
Nous attendons que la Bourse de Shanghaï s'ouvre aux étrangers. C'est un processus qui prend du temps. Il faut que les autorités chinoises arrêtent une politique et adaptent la réglementation. II y a peu de chances que nous puissions entrer en Bourse avant la fin de l'année.
HSBC serait alors le premier étranger à se coter à Shanghaï?
Nous aimerions beaucoup, mais nous ne sommes pas les seuls candidats. Il y a aussi sur les rangs des grands industriels avec des activités importantes en Chine.
Pourquoi une telle cotation?
Cela montre notre engagement à long terme en Chine. Le capital levé, en outre, financerait notre développement dans le pays. Ce dernier s'opère d'un côté à travers notre partenariat avec Bank of Communication, la cinquième banque chinoise, dont nous détenons 19 %. Nous avons une coentreprise très importante dans le domaine des cartes bancaires. Notre développement se fait aussi à travers notre propre réseau que nous souhaitons étendre. Nous venons d'inaugurer notre centième agence et nous aimerions être présents dans toutes les provinces chinoises. Il nous faut du capital non seulement pour financer notre développement physique mais également afin de prêter aux petites entreprises chinoises.
Le régulateur chinois enjoint les banques domestiques à mieux contrôler leurs risques. Est-ce un danger?
Les perspectives globales de l'économie chinoise sont excellentes. La croissance promet de rester soutenue pendant de nombreuses années, avec le souci d'étendre le développement vers l'ouest du pays. Dans ce contexte, les banques ont un rôle important de financement. Comme partout, il y aura des bulles. Mais depuis dix ans, les banques se sont beaucoup renforcées, à la fois en fonds propres mais aussi en capacité de maîtrise des risques. Je n'ai pas d'inquiétude sur la manière dont le système bancaire chinois opère.
Quelle est l'étape d'après?
Le principal défi pour la Chine est dans la création d'un grand marché de la dette. Pour l'instant, les entreprises chinoises se financent grâce aux banques ou sur les marchés actions. Elles auront besoin d'un marché de la dette efficace.
Craignez-vous les nouvelles normes prudentielles Bâle 3?
La réunion du G20 à Toronto, la semaine prochaine, sera importante. J'observe une prise de conscience grandissante de la part des gouvernements que cette réforme ne peut pas s'appliquer dans le calendrier proposé à l'origine. Il faut des délais. Il est essentiel que les régulateurs calibrent les mesures en tenant compte de leur impact sur l'économie réelle. Si ce dispositif était appliqué tel quel, le système bancaire devrait se recapitaliser dans des proportions bien trop importantes.
La taxe sur les banques vous inquiète-t-elle également?
Ce sujet rejoint en fait le précédent, car ils menacent la rentabilité des banques. Certaines ont dégagé des rentabilités de près de 30 % qui n'étaient pas soutenables. Mais, en sens inverse, les gouvernements et les régulateurs doivent se rendre compte que si les banques ne sont plus assez rentables, elles n'attireront plus de capitaux privés. Et donc, elles ne pourront plus financer l'économie.
Quel est le taux de rentabilité minimum?
On estime que le coût du capital pour une banque tourne autour de 10 à 11 %. Il faut donc une rentabilité au-dessus de ce niveau.
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