La conjoncture américaine décevante n'est pas sans conséquence en Asie. Au Japon, la production industrielle est à la baisse. Et la Chine fait preuve d'une extrême prudence sur le yuan, qui traduit sa fébrilité pour ses exportateurs.
La proposition reste vraie : lorsque les Etats-Unis toussent, l'Asie continue de craindre de s'enrhumer. Au moment où Washington publie des chiffres de conjoncture décevants (voir ci-dessus), les deux poids lourds d'Asie, le Japon et la Chine, constatent également que la reprise économique perd de la vigueur.
C'est au Japon que le phénomène est le plus visible. Si l'on en croit diverses statistiques publiées vendredi, la reprise japonaise s'est essoufflée en juin. Alors que l'indice des prix à la consommation reste à la baisse, le taux de chômage a augmenté pour le quatrième mois d'affilée tandis que la consommation des ménages a reculé de 2,4 % au deuxième trimestre. Mais c'est surtout l'évolution de la production industrielle qui inquiète : elle a baissé de 1,5 % en mai, alors que les économistes s'attendaient, en moyenne, à une très légère hausse. Cette baisse, particulièrement nette dans les secteurs électronique et automobile, est la plus forte depuis février 2009. Elle traduit, d'une part, la fin progressive des mesures de relance, mais aussi un commerce extérieur moins florissant. Dans un pays très dépendant des marchés occidentaux, les exportations ont ainsi connu leur plus faible hausse en un an au mois de juin.
Fébrilité autour du yuan
Après une reprise vigoureuse au premier trimestre 2010 où le PIB a crû de 5 %, le Japon risque donc désormais d'être retombé autour de 1,9 % au deuxième trimestre, selon le consensus des économistes. Une situation qui inquiète les députés de la majorité, dont une partie, échaudée par le revers électoral que leur parti a subi aux récentes élections sénatoriales, demande instamment au Premier ministre de remettre l'accent sur la relance économique plutôt que de se focaliser sur la réduction des déficits.
La Chine ne joue pas dans la même catégorie. Mais elle connaît aussi, à son échelle, un ralentissement : sa croissance s'est assagie à 10,3 % au deuxième trimestre, alors qu'elle avait atteint 11,9 % entre janvier et mars. Certes, ce ralentissement s'explique en bonne partie par les mesures décidées par les autorités, notamment pour calmer le secteur du bâtiment.
Mais les récentes déclarations des autorités sur le yuan laissent aussi penser que Pékin veut actuellement ménager son secteur exportateur. Alors que Pékin avait mis un terme, en juin, à la parité fixe entre sa devise et le dollar, l'hypothèse d'une nette appréciation de la devise chinoise, espérée par nombre de responsables occidentaux, semble de moins en moins probable. L'un des conseillers de la Banque centrale, Zhou Qiren, a récemment évoqué, au contraire, la possibilité d'une légère dépréciation. Même si ce genre de déclaration est à prendre avec précaution, car Pékin veut à tout prix éviter que les marchés ne spéculent à la hausse sur sa devise, elle traduit une fébrilité nouvelle pour les exportateurs chinois. Vendredi, les marchés anticipaient une baisse du yuan de 0,4 % sur un an.
GABRIEL GRÉSILLON
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