Les Echos, no. 21024 - Le g20 face à la crise, lundi 26 septembre 2011, p. 6La Chine, l'Inde et plusieurs pays d'Amérique latine, affichent des taux de croissance spectaculaires, malgré le léger tassement dû à la stagnation de leurs débouchés à l'exportation.Et, pendant ce temps-là, la Chine frôle les 10 % de croissance : elle atteindra 9,5 % cette année, selon les prévisions du FMI de la semaine dernière, soit à peine 0,8 point de moins qu'en 2010. Et elle pourrait afficher 9 % l'an prochain. La Chine éternue à peine quand le reste du monde s'enrhume, comme on avait pu le constater déjà en 2009, où la quasi-totalité des pays occidentaux et nombre d'émergents avaient été en récession, tandis que Pékin affichait une croissance de 8,7 %.
Les moteurs de la deuxième économie mondiale ne sont plus seulement l'exportation, qui souffrira de la stagnation des marchés occidentaux, mais enregistre encore des progressions vertigineuses (24 % sur un an en août). L'investissement public augmente au même rythme, suite au plan massif de relance de 2009, équivalent à 14 % du PIB. Et la consommation des ménages chinois flambe aussi, comme l'illustre la vive progression des importations et une inflation qui demeure un sujet de préoccupation pour Pékin.
Bref, le modèle économique chinois « mercantiliste » (priorité, par tous les moyens, à l'excédent commercial) ne bascule peut-être pas aussi vite que les Occidentaux le voudraient vers la revalorisation (et l'ouverture) de son marché intérieur, mais il évolue. Suffisamment pour ne pas trop souffrir du ralentissement des pays occidentaux, sauf récession brutale de ces derniers.
En dessous des objectifs
L'Inde n'est pas en reste. Régulièrement en retrait de 1 ou 2 points de croissance sur son voisin et rival, elle affiche aussi un dynamisme à faire pâlir d'envie les Occidentaux. La sixième économie mondiale devrait connaître une croissance de 8 % cette année, qui s'amélorerait encore légèrement l'an prochain. Un résultat qui demeure toutefois inférieur aux objectifs des pouvoirs publics, lesquels estiment avoir besoin de 9 à 10 % de croissance pour absorber les quelque 12 millions de jeunes arrivant chaque année sur le marché du travail (l'Inde devrait dépasser la Chine sur le plan démographique d'ici à dix-quinze ans). Moins extravertie que son rival, l'Inde souffre peu du marasme dans ses principaux marchés à l'exportation. Le ralentissement actuel semble surtout suscité par la politique de la banque centrale, qui a procédé à 11 relèvements de taux depuis mars 2010, afin de freiner une inflation préoccupante.
Aux côtés de ces deux géants, d'autres émergents ralentissent à peine et conservent des taux de croissance spectaculaires. C'est le cas des monarchies pétrolières du Golfe (presque 7 % cette année pour l'Arabie saoudite), malgré l'accalmie récente sur les hydrocarbures. L'Indonésie, grâce à son secteur industriel, devrait afficher 6,5 % de croissance. Les pays d'Amérique latine, comme le Chili, la Colombie ou le Pérou, continueront d'enregistrer une croissance supérieure à 5 % cette année et en 2012, tirant parti de leur politique de libéralisation et de finances publiques équilibrées. L'Argentine aussi est en fort rebond après des années très dures.
YVES BOURDILLON
PHOTO - India's Finance Minister Pranab Mukherjee (L) and China's Finance Minister Xie Xuren arrive at the BRICs finance ministers' news conference during the annual International Monetary Fund (IMF)-World Bank meetings in Washington September 22, 2011.
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