mardi 17 mars 2015

Chine: décès d'un haut général sous enquête pour corruption

Le général Xu Caihou, le plus haut gradé de l'armée chinoise visé par une enquête anticorruption et fustigé pour un vaste système d'achat de grades militaires, est décédé dimanche d'un cancer, a rapporté lundi la presse d'Etat.


Au terme d'une longue ascension, Xu Caihou s'était imposé comme le numéro deux de l'Armée populaire de libération (APL), en occupant -jusqu'à sa retraite en 2013- le poste de vice-président de la Commission militaire centrale, qui exerce le commandement des forces militaires chinoises.

L'officier septuagénaire faisait aussi partie, jusqu'en 2012, de l'une des plus hautes instances dirigeantes de la Chine, le Bureau politique du Comité central du Parti communiste, composé de 25 membres.

Il avait été placé sous enquête courant 2014, avant d'être exclu l'été dernier des rangs du Parti communiste (PCC), déchu de son rang de général. Il devait désormais être présenté devant une cour martiale.

Mais Xu est finalement décédé, à l'âge de 71 ans, d'un cancer de la vessie -maladie dont les médias d'Etat s'étaient déjà fait l'écho-, a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

"Xu Caihou, le général dont tout le monde chantait naguère les louanges, a perdu à la fois son honneur et sa fortune, et a terminé sa vie pitoyable et honteuse sur son lit de malade et sous surveillance", persiflait lundi un commentaire du Quotidien de l'APL.

"Xu avait tiré avantage de sa position pour manipuler les promotions dans l'appareil militaire, et accepter d'abondants pots-de-vin en personne et par l'intermédiaire de sa famille", rappelait de son côté Chine nouvelle.

Les procureurs militaires ne poursuivront pas les procédures à son encontre, mais "s'occuperont de ses gains illicites conformément à la loi", a également indiqué l'agence, citant le Parquet militaire.

Xu est l'un des responsables les plus élevés de la hiérarchie communiste à avoir connu une disgrâce dans le cadre de la vaste campagne anticorruption menée au sein du PCC par le président Xi Jinping --dont beaucoup experts mettent en doute l'efficacité--.

Les limogeages se succèdent et n'épargnent pas l'armée --l'APL a encore annoncé en février des enquêtes contre 16 officiers supérieurs--. Xi avait d'ailleurs réaffirmé avec force en novembre dernier le contrôle de l'Armée populaire de libération (2,3 millions de soldats) par le Parti.

Pas moins d'une douzaine de généraux de l'APL sont tombés après la découverte d'un système de corruption généralisé --avec achat des grades à tous les niveaux--.

Xu Caihou lui-même aurait organisé et couvert la vente de titres militaires en échange de sommes pouvant atteindre des dizaines de millions de yuans, selon des journaux officiels.

Signe de l'ampleur de ces dessous-de-tables, les enquêteurs ont découvert dans le sous-sol de la villa du général --2.000 m2 en plein coeur de Pékin-- "des montagnes d'argent en liquide", des bijoux, des peintures et des antiquités à foison, selon le magazine hongkongais Phoenix Weekly.

De son côté, le général Gu Junshan, numéro deux du Département général de logistique, avait été, lors de son inculpation l'an dernier, accusé de posséder plusieurs dizaines d'appartements et de maisons... mais aussi une statue en or massif de Mao Tsé-toung et un lavabo en or.

Un enrichissement illicite alimenté également par les sommes colossales et toujours accrues des dépenses militaires chinoises: le budget de la Défense va encore bondir de 10,1% cette année, pour atteindre quelque 140 milliards d'euros, entretenant un vaste réseau d'entreprises et fournisseurs.

Certains médias hongkongais et taïwanais avaient par ailleurs spéculé sur l'existence d'une faction politique opposée à Xi, qui aurait réuni le général Xu ainsi que trois hauts dirigeants politiques aujourd'hui disgraciés, Bo Xilai, Zhou Yongkang et Ling Jihua, sorte de nouvelle "bande des Quatre".

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