Les Jeux olympiques sont une vitrine, et la Chine veut «un environnement journalistique propre». Pour mener à bien ce nettoyage, Pékin a annoncé la création d’une base de données sur les 30 000 journalistes étrangers accrédités pour les Jeux d’août 2008. Les 8 000 reporters sportifs autorisés à pénétrer dans les sites ont déjà été fichés. Reste à filtrer les 20 000 autres, bien plus inquiétants pour les autorités, qui débouleront dans l’année. Le ministre de la Presse et des Publications n’a donné aucune précision sur la nature des informations contenues dans cette banque de données.
«Prétexte en or». Le but affiché est de prévenir une invasion de «faux journalistes» qui pourraient tenter de faire chanter les hommes d’affaires ou les responsables politiques en les menaçant d’articles «négatifs». Et d’offrir «le meilleur service aux vrais journalistes» en connaissant mieux leurs attentes. «C’est un prétexte en or pour faire le ménage, assure Vincent Brossel, de Reporters sans frontières (RSF), le gouvernement chinois se donne en réalité les moyens de mettre sur la touche les journalistes qui peuvent le gêner.» Cette liste, ajoute RSF, est «en contradiction avec les promesses faites en 2001 et début 2007 d’une liberté totale pour la presse».
En janvier, une directive saluée par le Comité olympique avait annoncé que les déplacements des journalistes étrangers dans les provinces seraient facilités. Mais ils continuent d’être régulièrement contrariés, voire arrêtés par les autorités locales. Les reporters qui suivront le trajet de la flamme olympique devront ainsi demander des autorisations dans chaque province concernée. Ceux qui ont essayé parlent d’un casse-tête bureaucratique.
Les journalistes chinois connaissent le problème. Une enquête administrative, lancée en août, a permis de bannir 300 «faux journalistes» et de fermer 300 «publications illégales», c’est-à-dire non enregistrées par l’Administration générale de la presse et des publications (Gapp). Le dernier journal qui a dû fermer, The Social News, n’a pu prouver ni carte de presse ni inscription auprès de la Gapp. Il avait également dénoncé le mauvais fonctionnement de la justice dans la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine.
«Suivre la ligne». Hier, un quotidien indépendant de Hongkong a révélé une nouvelle directive du département de la Propagande, demandant aux médias du continent de «suivre la ligne» afin de protéger les Jeux de «toute publicité négative». Plus question de critiquer la mauvaise qualité de l’air, la sécurité alimentaire ou la torche olympique, selon le South China Morning Post. Ces sujets montrent la Chine sous un «mauvais aspect» et sont trop souvent repris par les journaux étrangers. Selon RSF, au moins 33 professionnels des médias sont actuellement détenus en Chine.