Le tir chinois a eu le mérite de confirmer que Pékin a décidé de contester aux Américains leur domination de l'espace militaire. L'administration Bush n'a pas réagi outre mesure, pour une raison simple : les Etats-Unis, comme la Russie, avaient effectué ce genre de tests antisatellites dans les années 1980. Au-delà de leurs dizaines de satellites militaires de détection, d'écoute, d'observation et de guidage par GPS de bombes et de missiles, les Américains mènent un programme systématique de défense antimissile, et envisagent de développer un laser embarqué sur un Boeing 747. Des unités de l'armée de l'air américaines sont également spécialisées dans la réalisation de batailles spatiales simulées.
L'hebdomadaire américain Aviation Week & Space Technology a révélé récemment que le président George Bush avait adressé, en juillet, des directives secrètes à plusieurs agences gouvernementales pour leur demander de renforcer la protection des satellites américains. En choisissant de ne pas s'appesantir sur le tir chinois, Washington a minimisé ses conséquences négatives. Le catalogue de l'US Air Force, qui recense les "objets" spatiaux de plus de 10 cm, a enregistré une augmentation de 20 % en 2006, due pour l'essentiel au tir chinois. Alors que 10 500 objets étaient recensés au début des années 1990, on en dénombrerait 18 400 aujourd'hui. Or, on estime qu'un débris de 15 mm (il en existe plusieurs millions) est potentiellement capable de détruire un satellite.
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Laurent Zecchini est journaliste pour Le Monde, spécialiste des questions de défense
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